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Notre-Dame de Paris : le dernier tombeau de Joachim du Bellay ?

Émissions de radio

Publié le

30 septembre 2024

Mis à jour le

18 octobre 2024

Collection

Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Eric Crubézy, paléoanthropologue biologique, Professeur d’anthropobiologie à l’Université Toulouse III, directeur du laboratoire « Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse », et membre de l’Institut universitaire de France.

Les fouilles suite à l’incendie de Notre-Dame de 2019 nous révèlent de nouveaux secrets ! L’occupant du mystérieux sarcophage anthropomorphe trouvé à la croisée du transept pourrait être Joachim du Bellay, c’est l’hypothèse que propose Eric Crubézy et son équipe.

Fouille au CHU de Toulouse du sarcophage et du squelette de l'inconnu mis au jour dans la croisée du transept et attribué à Joachim du Bellay par une étude. Son traitement funéraire indique un statut aristocratique (crâne scié, embaumement).

Si l’archéologie est un sport de combat, c’est aussi souvent une science de débats. Mardi 17 septembre 2024, une annonce a fait grand bruit dans le monde de l’archéologie : l’un des squelettes retrouvés lors des fouilles conduites par les équipes de l’Inrap en 2022 dans Notre-Dame de Paris, serait celui du poète de la Renaissance : Joachim du Bellay.

Si l’auteur de cette hypothèse Eric Crubézy semble plutôt certain de son fait, certaines voix s’élèvent pour tempérer l’annonce et demander de plus amples recherches, notamment génétiques, pour confirmer ou infirmer ce postulat.

En attendant ces résultats à venir, nous nous sommes rendus à la rencontre d’Eric Crubézy mardi 17 septembre à l'Hôtel de l’Industrie pour comprendre comment son enquête l’a conduit à faire revenir d’entre les morts Joachim Du Bellay.

Les fouilles de Notre-Dame de Paris

Suite à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019 et aux travaux de reconstruction, des fouilles préventives dirigées par l’Inrap ont eu lieu autour et à l’intérieur de la cathédrale.

Parmi les différents lieux de fouilles, celle de la croisée du transept, au cœur de la cathédrale a livré plusieurs surprises. On y a retrouvé les restes du jubé, des traces des travaux de Eugène Viollet-le-Duc mais surtout deux sarcophages en plomb.

Éléments du jubé en cours de fouille. A l’arrière-plan, les « big bags » contenant les déblais de la fouille

Les sarcophages en plomb

Les deux sarcophages trouvés au cœur de la cathédrale intriguent les archéologues, puisqu'à un tel emplacement, cela implique qu’il s’agissait de personnalités importantes pour avoir été enterrées à cet endroit privilégié.

Le premier sarcophage a été identifié lors de sa découverte sans grande difficulté puisqu’un épitaphe portant le nom de Antoine de la Porte a été retrouvé à l'emplacement du sarcophage.
Pour le second, le mystère restait en suspens jusqu’à l’annonce de ce mardi 17 septembre.

Joachim du Bellay ?

Après les premières analyses du corps, menées depuis 2022 par Éric Crubézy et son équipe, ils ont proposé pour l’identité du propriétaire de ce sarcophage le nom du célèbre poète de la Pléiade Joachim du Bellay.

Cette hypothèse se base sur les pathologies du squelette retrouvé à la croisée du transept. Cet inconnu est un homme mort entre 30 et 40 ans, cavalier depuis son jeune âge, atteint de tuberculose osseuse et de méningite chronique. Les informations biographiques sur du Bellay concordent avec ce profil pathologique. De plus, des informations données par le registre des enterrements de Notre-Dame et le contexte politique de la famille du Bellay à l’époque conforte l’hypothèse proposée par Crubézy et son équipe.

Si le faisceau d'indice pointe vers du Bellay, il va falloir attendre des analyses plus approfondies du squelette pour valider avec certitude cette hypothèse.