Conçue par le Musée de l’Homme - Musée national d’Histoire naturelle de Paris, en partenariat avec l’Inrap et présentée au Musée de l’Homme en 2018, l’exposition « Néandertal » a été adaptée pour être présentée jusqu'au 8 mars 2021 au Muséum d'Histoire naturelle de Nantes et au Chronographe (centre d'interprétation archéologique de Nantes Métropole situé à Rezé).

Dernière modification
20 août 2020

Le « cas » Néandertal

La découverte, en 1856, d’une drôle de calotte crânienne dans la vallée (thal) de Neander en Allemagne et les découvertes majeures du XIXe siècle ont suscité de nombreuses interprétations scientifiques sur l’homme de Néandertal. Une molaire, une calotte crânienne, un fémur, des ossements d’animaux, des outils disséminés dans toute l’Eurasie… Voilà ce qui subsiste des Néandertaliens et de leur façon de vivre.  Si le terrain est la source première de la connaissance en Préhistoire, le croisement des disciplines et l'emploi de technologies de pointe ont en une vingtaine d'années complètement renouvelé l’approche de Néandertal. Loin du mythe de l’« homme des cavernes » mal dégrossi, notre cousin Homo neanderthalensis était un homme à part entière, un habile artisan, un grand chasseur et un être social animé de pensées symboliques. Ayant vécu il y a quelques 350 000 ans dans toute l’Eurasie et disparu mystérieusement il y a 35 000 ans, non sans nous avoir transmis quelques gènes, Néandertal questionne les préhistoriens, mais aussi nos représentations de la différence et de la notion d’espèce humaine.

Au Muséum d’histoire naturelle de Nantes

Le Muséum d’histoire naturelle de Nantes a rouvert ses portes le samedi 8 août avec l’exposition temporaire « Néandertal ». Le Muséum y présente les dernières découvertes sur l’homme de Néandertal en reprenant les trois étapes du parcours de l’exposition du Musée de l’Homme en 2018  : « Le temps d’une journée » (environnement et vie quotidienne), « Le temps d’une vie » (morphologie, anthropologie) et « Le temps d’une espèce » (paléogénétique). Sont présentées des pièces rares qui proviennent du musée de l’Homme - Muséum national d'Histoire naturelle, du Musée national de Préhistoire, du Musée d’Archéologie nationale et du Muséum d’Angers. Est nouvellement proposé un focus sur le site de plein air néandertalien de Roc-en-Paille (Maine-et-Loire, étude CNRS) qui a livré des restes humains, des ossements animaux et de nombreux outils obtenus à partir d’éclats de pierre, caractéristiques du Moustérien et de Néandertal.

La structure circulaire néandertalienne de « La Folie » au Chronographe (Rezé)

En complément de l'exposition du Muséum, le Chronographe accueille une partie de l'exposition du Musée de l'Homme en se penchant sur le cas d'un campement de plein air fouillé par l’Inrap (Laurence Bourguignon) sur le site de « La Folie », près de Poitiers. Durant la fouille, les archéologues y ont mis au jour les vestiges d'une structure circulaire de type coupe-vent, un aménagement qui aurait servi de campement provisoire à un groupe de Néandertaliens à la recherche de gibier, il y a 55 000 à 60 000 ans. Sur les 180 m² du site fouillé, les archéologues ont ainsi repéré la chambre à coucher près du foyer, presque vierge de vestiges ; l'atelier de façonnage des outils et ses nombreuses pointes racloirs, couteaux de pierre et enfin la « déchetterie », qui a livré une accumulation très importante de restes animaux. Une fosse a également été retrouvée qui servait à faire bouillir de l’eau, certainement pour la cuisson des aliments et peut-être pour la toilette.


Pour mettre le visiteur en situation, Le Chronographe présente une reconstitution à l'échelle 1 de la fouille du site de La Folie et retrace l'analyse de chaque indice, minutieusement passé au crible des méthodes de l'archéologie. Le sol est carroyé comme sur un site de fouille, avec indications des différentes aires d’occupation : poste de taille, aire de travail des peaux, foyer et litière. Est reconstitué le système de fixation au sol des poteaux de bois tenant la palissade, alors qu’une fresque murale représente le site en élévation et les silhouettes de ses occupants dans leurs différentes activités.

Grâce à l’œil exercé des paléolithiciens, des outils de silex et de quartzite (bifaces, denticulés, pointes, racloirs, lissoirs, poinçons, pierre à feu en pyrite...) provenant des sites de La Folie et de Montbert, nous révèlent aussi les qualités d'artisan et de chasseur de Néandertal, et sa faculté d'adaptation à son environnement.

L'exposition est accompagnée pendant l'été d'une programmation de démonstrations : allumer un feu, tailler un biface, utiliser un propulseur...

Affiche Néandertal