Les derniers néanderthaliens à la plage : bilan d’une décennie d’investigations sur les occupations du Paléolithique moyen final, à la base de la séquence à occupations multiples des Bossats, à Ormesson (Seine-et-Marne)

Auteurs

• Mathieu Leroyer, Service archéologique interdépartemental des Yvelines Hauts-de-Seine, CNRS - UMR 7041 Laboratoire d’Ethnologie préhistorique​
• Pierre Bodu, CNRS - UMR 7041 ArScAn Laboratoire d’Ethnologie préhistorique​
• Henri- Georges Naton, GéoArchÉon, CNRS - UMR 7041 ArScAn Laboratoire d’Ethnologie préhistorique​
• Hélène Salomon, CNRS - UMR 5204 EDYTEM
• Jessica Lacarrière, Post-doctorante, CNRS - UMR 7041 ArScAn Laboratoire d’Ethnologie préhistorique​
• Isabelle Théry-Parisot, CNRS - UMR 7264 CEPAM, Équipe Gestion des Ressources Naturelles, Environnements et Sociétés

Résumé

Voilà près de dix ans que divers indices d’occupations de la toute fin du Paléolithique moyen ont été fortuitement détectés, en parallèle de la fouille d’une occupation gravettienne, sur le site des Bossats à Ormesson, dans un vallon sec tributaire de la vallée du Loing. Ces indices prennent place dans des dépôts sableux, mais aussi parfois graveleux, en pieds de chaos de blocs de grès de Fontainebleau, scellés par d’importants dépôts lœssiques. L’occupation la plus significative se caractérise par l’abondante industrie du niveau 4, rattachée au Technocomplexe discoïde et datée du SIM 3 (Bodu et al., 2013).

Le caractère inédit de ces découvertes s’affiche à différents niveaux. En termes chrono-culturels, elles contribuent à enrichir un bilan archéologique très pauvre en sites moustériens du SIM 3 dans le Bassin parisien et autorisent ainsi des correspondances avec les archéoséquences mises en évidence dans d’autres régions. Au niveau géo-archéologique, elles révèlent le potentiel d’un contexte sédimentaire propre aux vallées stampiennes du centre du Bassin parisien, qui laisse espérer d’autres découvertes futures.

En définitive, les divers témoins d’occupation remarquablement frais, denses et répartis sur une très grande surface au sein du niveau 4, soulignent le potentiel palethnographique original de ces contextes. Ce potentiel, cohérent avec la nature semi-abritée d’occupations bien préservées dans une matrice sableuse fine, s’exprime non seulement par des silex très frais et des restes fauniques, mais aussi par la présence de nombreux charbons, assez rares sur les sites moustériens de plein-air de la région, et de fragments de matières colorantes de différentes origines qui semblent, pour une partie, avoir été exploités pour la production de poudre rouge (Bodu et al., 2013).

Les dépôts lœssiques sus-jacents renferment de multiples occupations du Paléolithique supérieur ancien, conditionnant la stratégie de fouille et retardant la perspective d’un décapage extensif des occupations moustériennes. Malgré cela, la réalisation de nombreux sondages à visées géomorphologiques et archéologiques a permis d’accroître considérablement la documentation concernant ces occupations moustériennes.

Cette présentation propose, en conséquence, un bilan actualisé de ces résultats. Elle portera en particulier sur :

1. le cadre stratigraphique général d’occupations diachroniques du Paléolithique moyen ;
2. l’extension et la taphonomie variable de ces témoins ;
3. l’avancement des études techniques sur les vestiges du niveau 4 - Discoïde, en particulier sur l’industrie lithique.