Émissions de radio
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Mis à jour le
12 décembre 2019
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Laure Ziegler, archéo-anthropologue au pôle archéologique d'Orléans, Véronique Beaulande-Barraud, historienne, médiéviste et professeure à l'université de Grenoble-Alpes, et Philippe Blanchard, responsable de recherches archéologiques à l'Inrap.

Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le dimanche de 20 h 30 à 21 h 
Par Vincent Charpentier
Émission du 24 novembre 2019


L’archéologie a ses surprises, de celles qui émerveillent déconcertent ou épouvantent… Orléans et Tours viennent d’en révéler deux : une qui désarçonne, l’autre qui pétrifie…

Toutes deux sont nées du fruit du hasard d’un réaménagement du centre ville, et de fouilles préalables, qui révèlent, sous le bitume d’une rue, de petits instants et des lambeaux d’histoire…

Crimes et châtiments… à Orléans ?

Les damnés de la terre

Depuis mai 2019, les archéologues de la ville d’Orléans surveillent les travaux de voiries rue de la Porte Saint-Jean. Sous les trottoirs, dans une mince tranchée, des inhumations ont été découvertes, à l'écart de toute l'église ou de tout cimetière connus. Les trois individus ont été déposés dans des fosses mais ne sont pas en position allongée. Le premier est à genoux, le buste relevé. Le second et le troisième sont assis, les jambes repliées, et tous trois ont les mains attachées dans le dos. Une première étude anthropologique révèle qu'il s'agit de trois femmes. Aucun signe visible sur les os ne témoigne de traumatisme. La position des corps révèle que ces femmes auraient pu être enterrées vivantes. Les éléments de datation indiquent une mise en terre au plus tard à la fin du Moyen-Âge, avant le XVe siècle. Aucun cas comparable n'est connu en France, toutefois, certaines sources écrites, notamment les coutumiers médiévaux mentionnent des châtiments tels que la peine d'ensevelissement vivant appliquée pour l'essentiel aux vols, meurtres et adultères.

Tour de crâne et… crânes de Tours

Fondée en 1002, par le trésorier de Saint-Martin (Hervé de Buzançais), l’abbaye de Beaumont a une longue histoire. Lieu de culte bénédictin réservé aux femmes, déclaré bien national à la révolution, démantelé durant la première moitié du XIXe siècle, l'abbaye se transforme en caserne jusqu'en 1991.

Loin du cimetière des moniales, une cinquantaine de fosses contenant des tombes sont en cours de fouille… Curieusement, ces fosses présentent des sépultures très atypiques. Contrairement à la coutume, certaines sont multiples, contenant deux à cinq individus. La population inhumée correspond majoritairement à des adultes ou de grands adolescents. Cet ensemble présente donc des anomalies tant dans sa gestion, sa population que dans ses pratiques funéraires. De quoi pourrait-il s'agir, sépultures de catastrophes liées à une épidémie, collecte de crânes par quelques collectionneurs, médecins-anthropologues férus de craniologie et de l’école de Paul Broca, fondateur de la Société d'Anthropologie de Paris ?

La dernière hypothèse des archéologues et anthropologues, serait liée à l'hospice général de Tours, l'actuel hôpital Bretonneau, qui géra ces terres de 1866 à 1913. Nous serions alors sur des gestes hospitaliers, autopsie et prélèvements pour collections de comparaison…

Année :
2019
Durée :
29 minutes
Production :
France culture
Partenaire(s)
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