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Institut Catholique de Paris, 19‑23 rue d’Assas (Paris)
Dans le cadre du projet de réaménagement architectural de grande envergure de l’Institut Catholique de Paris (VIe arrondissement) avec la construction d’un auditorium en lieu et place de la cour d’honneur du couvent des Carmes, cette opération archéologique a permis de préciser l’extension de l’urbanisation de Lutèce vers l’ouest de la ville antique.
La surface décapée en fond de fouille est de 300m2. Aucun vestige «pré à proto‑urbain» n’a été découvert. Les premières traces d’occupation identifiées correspondent à un paléosol précoce des premières décennies de notre ère, années 15/20, et associé à des traces d’un parcellaire léger mais orthonormé et à quelques structures en creux (silo, fosses).
Après un épisode d’une recharge sableuse, le milieu du Ier siècle de notre ère se traduit par un changement de mise en œuvre architecturale avec l’implantation de tranchées de fondation empierrées. Ces dernières vont diriger la structuration des espaces et la succession des nombreux niveaux d’occupation au sein et à l’extérieur (cour) d’un ou plusieurs bâtiments pour les années 40‑70 jusqu’à la fin du Ier siècle. Les éléments directeurs identifiés ne s’alignent pas sur la trame urbaine de Lutèce mais s’organisent selon l’alignement de la voie antique dont l’actuelle rue de Vaugirard reprendrait le tracé au droit de l’Institut Catholique. Le mobilier céramique issu de ces contextes du Ier siècle est celui d’un vaisselier domestique urbain classique pour la ville antique de Lutèce, avec des influences romaines déjà bien présentes, et des proportions non négligeables en céramiques luxueuses ou d’importation. La fouille exhaustive mais non destructrice d’un puits profond de 8,50m a permis de mettre en évidence une activité de boucherie particulière (réalisation de préparations alimentaires tripières).
Le IIIe siècle et le début du Moyen Âge se caractérisent par une récupération des vestiges du Ier siècle avec en particulier l’épierrement des tranchées de fondation et le comblement terminal d’un second puits. À partir du XIIIe siècle jusqu’à la seconde moitié du XVIe siècle, la parcelle voit la mise en place d’horizons agricoles et est occupée par un verger.
Le début XVIIe siècle est marqué par un important bouleversement avec la construction de l’église Saint‑Joseph et du monastère des Carmes Déchaussés à partir de 1611. Deux larges excavations à mobilier varié (céramique, restes de poissons, épingles…) sont les témoins de l’édification et du fonctionnement du couvent. Un regard maçonné et l’empreinte d’un tuyau en plomb participent aux réseaux d’adduction en eau du couvent à partir de la fontaine Saint‑Michel et des bassins de Luxembourg.
Enfin, les quelques vestiges du début du XIXe siècle, bien marqués spatialement, correspondent à la disparition de l’ensemble conventuel avec la séparation nette entre religieux à l’est et installation de gardes nationaux suivie d’une dévolution civile des bâtiments à l’ouest.
Dorothée Chaoui‑Derieux, SRA
Thibaud Guiot, Inrap
Pablo Ciezar, Inrap
Jacques Legriel, Inrap
Jacques Legriel Responsable scientifique Direction de l’opération Travaux de terrain
Aurélia Alligri, Christophe Besnier, Priscillia Debouige, Ludovic Decock, Paul Celly, Camille Colonna, Yannick Fouvez, Gwenaël Mercé et François Renel Travaux de terrain (fouille, enregistrement, relevés, photographies)
Mehdi Belarbi Topographe Relevés, plans, photogrammétrie
Benoît Clavel, CNRS, Archéozoologue
Jérôme Jambu, Conservateur, chargé des collections de monnaies étrangères, Département des Monnaies, médailles et antiques, Bibliothèque nationale de France
Jean Soulat, laboratoire LandArc Ingénieur d’études, responsable de l’étude de la culture matérielle