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Domaine du château d’Écouen (Val D’Oise)
Le château d’Écouen, actuel musée national de la Renaissance, a été construit par le connétable Anne de Montmorency de 1538 à 1555, faisant table rase des édifices antérieurs. En 1547, afin de pouvoir accueillir le roi nouvellement sacré Henri II, amateur du jeu de paume, l’illustre mécène fait édifié un jeu en contrebas du château, au pied du mur de la terrasse nord. Il est démoli dans le courant du XVIIIe siècle, sans que l’on en connaisse la date précise, ni la motivation.
À l’emplacement de la salle de jeu, il existe de nos jours une pelouse en pente recueillant les eaux de pluie de la terrasse, qui par infiltration imprègne les murs des maisons riveraines situées en contrebas. C’est dans le cadre d’un projet de réalisation du drainage de cette zone qu’un diagnostic a été entrepris au pied du château avec cinq tranchées pour une ouverture de 128 m2. Malgré des conditions difficiles (accès, forte pente, épais remblais, ouvrages divers sur le terrain), le diagnostic s’est révélé très positif. Il a mis au jour des structures médiévales, les vestiges du jeu de paume ainsi que des niveaux plus contemporains.
Vue d’une tranchée en cours de creusement, depuis le bas du chantier
Marc Viré, Inrap
Creusement d’une tranchée
Marc Viré, Inrap
Vestiges antérieurs au château, XIIIe-XVIe siècles
De la période médiévale ont été découverts un mur en moellon d’un édifice assez sommaire ou d’une clôture, deux fosses, dont l’une contient des résidus d’une activité artisanale de cuisson, ainsi qu’une zone d’épandage riche en céramiques flammulées des XIIIe/XIVe siècles, du type des ateliers de potiers de Fosses (Val d’Oise) distants d’une vingtaine de kilomètres.
Plusieurs blocs de constructions médiévales ont été trouvé en remploi dans les murs du jeu de paume. Ce sont des « carreaux », c’est-à-dire qu’ils possèdent une face principale taillée au carré et finement ravalée. L’arrière des blocs paraît très régulier, et il n’est pas exclu que certains soient des « parpaings », c’est-à-dire des carreaux à deux faces opposées taillées en parement. Un fragment appartient à une base prismatique telle que l’on en voit au pied des colonnettes d’encadrement des fenêtres du XVe siècle.
Mur antérieur au jeu de paume
Marc Viré, Inrap
Mur de la galerie sud avec blocs en remploi
Marc Viré, Inrap
Base prismatique d’une colonnette d’encadrement
Marc Viré, Inrap
Le jeu de paume XVIe siècle-XVIIe siècle
Selon l’iconographie, le bâtiment, muni de trois galeries, était encadré par deux pavillons rigoureusement symétriques. Deux escaliers à vis, un dans chaque pavillon, permettent d’accéder à la salle de sport depuis la terrasse.
Des portions du mur de la façade nord et des galeries ont été mises au jour ainsi qu’un lambeau de sol dont subsiste quelques dalles en calcaire. Disposées en bancs parallèles, elles mesurent 50 cm de large pour une longueur allant de 50 à 70 cm. L’état des pierres laissent penser que ce bâtiment, exposé au nord et mal protégé des eaux de pluies et d’infiltration, s’est dégradé rapidement. Les gravats de démolition environnants contenaient des éléments de pavement en terre cuite. De gros carreaux portant au revers des traces d’accroches ont pu servir à un premier sol du terrain de jeu, des grandes et petites tomettes hexagonales peuvent provenir, quant à elles, du dallage des deux pavillons latéraux. Ces pavements permettent d’intéressantes comparaisons avec ceux découverts lors des fouilles du Grand Commun du château de Versailles qui appartiennent au même contexte et à la même époque.
Une dalle avec tampon en pierre témoigne de travaux hydrauliques réalisés au XVIIe siècle.
Mur nord, vue depuis le sud-ouest
Marc Viré, Inrap
Carreau de terre cuite avec empreintes d’accroche au revers
Marc Viré, Inrap
Dalle avec tampon, en pierre
Marc Viré, Inrap
Aux XIXe et XXe siècles
La phase ultime de découvertes concerne la reconstruction du mur de la terrasse, probablement pendant les années 1840. Dans le courant des XIXe et XXe siècles, d’importantes masses de déblais ont été accumulées sur la partie ouest du terrain et dans le bas du terrain modifiant considérablement le relief et constituant une sorte de seconde terrasse formant la cour arrière sud des maisons de la place du village. Les gravats contenaient de la céramique : assiettes, pichets à eau, pots à moutarde et sinots (pot à beurre) en grès, importés de Normandie. Ils conservaient également des pavés taillés dans un silex noir. Ces pierres décoratives, produites dans le pays de Caux, entrent dans la composition des façades de nombreux monuments, entre les XVe et XIXe siècles.
Enfin, parmi les gravats fut trouvé également un silex destiné pour garnir la platine de mise à feu des armes utilisées entre les XVIIe et XIXe siècles.
L’un des pavés de silex noir venant du pays de Caux
Marc Viré, Inrap
Thibaud Guiot, Inrap
Yves Roumégoux SRA IDF
Gaëlle Bruley-Chabot, Inrap CIF, Travaux de terrain
Mehdi Belarbi, Inrap CIF Relevés et plans
Caroline Claude, Inrap CIF Étude céramique
Emmanuelle du Bouëtiez de Kerorguen, Inrap CIF, étude des terres cuites
Lydia Pantano, Inrap, DAO-PAO