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Des souches divergentes de la peste il y a 5 000 ans en Eurasie
Colloque international organisé par l’Inrap, en partenariat avec le Musée de l’Homme.
Les 30 novembre et 1er décembre 2016 à l'Auditorium Jean Rouch - Musée de l’Homme.
Archéologie de la santé – anthropologie du soin
par Morten Erik Allentoft, biologiste, spécialiste de l’évolution et de la recherche sur l’ADN ancien, s’intéressant aussi plus largement à l’histoire naturelle
Souches primitives divergentes de Yersinia pestis en Eurasie il y a 5 000 ans
La bactérie Yersinia pestis est l’agent étiologique de la peste, responsable de pandémies humaines ayant causé des millions de décès dans l’histoire. Son mode et sa date d’apparition restent controversés. Nous décrivons ici la preuve directe la plus ancienne de l’existence de Yersinia pestis, identifiée grâce à de l’ADN extrait de dents humaines retrouvées en Asie et en Europe et datant d’il y a 2 800 à 5 000 ans. Grâce au séquençage génomique, nous avons découvert que ces souches anciennes de la peste constituent la base de toutes les variétés de Yersinia pestis connues. Nous estimons que la lignée Yersinia pestis est au moins deux fois plus ancienne que ce qu’avaient établi les estimations antérieures. Nous avons également identifié la séquence temporelle des modifications génétiques qui ont permis d’accroître la virulence de la bactérie et fait émerger la peste bubonique. Nous résultats montrent que l’infection à Yersinia pestis était endémique dans les populations humaines en Eurasie au moins 3 000 ans avant les premiers récits historiques de pandémie.
Morten Erik Allentoft est biologiste, spécialiste de l’évolution et de la recherche sur l’ADN ancien, s’intéressant aussi plus largement à l’histoire naturelle.
Il est titulaire d’une maîtrise en génétique des populations obtenue à l’université de Copenhague (2007) et portant sur l’étude de la génétique des amphibiens menacés. Il a ensuite préparé son doctorat en Nouvelle-Zélande, où il a travaillé sur de l’ADN ancien extrait de la mégafaune disparue, puis il a poursuivi ses recherches en 2010-2011 dans le cadre d’un post-doc à l’université Murdoch de Perth. Il est ensuite revenu à Copenhague en 2011 et s’est tourné vers une autre espèce fascinante : Homo sapiens. Il travaille actuellement comme Professeur assistant au Centre de géogénétique du Muséum d’Histoire naturelle de Copenhague, grâce à une bourse de la fondation Villum (Young Investigator Programme, programme jeune investigateur). Dans le cadre de ses recherches, il participe à plusieurs projets de génomique ancienne visant à comprendre les schémas des migrations et de la dispersion des humains.
Bibliographie
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