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Crémation antique en Égypte. Découverte anciennes et recherches récentes
En fouillant des crémations antiques découvertes ces dernières années à Alexandrie, Paul Bailet (CAD) et Patrice Georges (Inrap) ont pour objectif de compléter le tableau des pratiques funéraires gréco-romaines, dossier ouvert par le CEAlex (USR 3134 du CNRS) depuis la fin des années 1990.
Découverte récente
La mise au jour fortuite au cours de travaux de construction d’une tombe hellénistique dans le quartier d’Ibrahimeya à Alexandrie (Égypte) a permis de découvrir, au cours d’une opération archéologique préventive mené par le Conseil Suprême des Antiquités (CSA), une hydrie de Hadra. Ce vase-ossuaire, qui avait été placé dans un loculus encore fermé, a été daté de la haute période hellénistique. L’absence de comblement dans son emplacement d’origine et le scellement de l’hydrie, avec une coupelle qui recelait les vestiges du bûcher, en garantissaient l’intégrité. À la demande du CSA, une mission archéo-anthropologique a donc été diligentée par le Centre d’Études Alexandrines (CEAlex), alors dirigé par Jean-Yves Empereur. La mission, qui a reçu le soutien de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), s’est déroulée du 19 au 28 novembre 2013.
Alexandrie - Vue générale de l’hydrie de « Sporting, Geich street », quartier d’Ibrahimeya.
© Celalex / cl. P. Georges, Inrap
Nouvelles pistes de recherche
De nouvelles pistes de recherche sur la crémation gréco-romaine en Égypte, dossier ouvert par le CEAlex à l’occasion des découvertes dans la nécropole du Pont de Gabbari à la fin des années 1990, ont été avancées. En effet, la découverte de crémations hellénistiques est assez commune pour Alexandrie et sa région, mais les fouilles de vase-ossuaire, selon un protocole reconnu, sont une nouveauté. Chaque découverte est donc l’occasion de pouvoir mener une étude détaillée de son contenu par une fouille minutieuse. Si la fragmentation et la déformation des os par le feu limitent considérablement la perspective d’une analyse morphologique, qui a pourtant été longtemps l’apanage des anthropologues, la fouille des sépultures à crémation permet de restituer des gestes funéraires ; elle permet de mettre en lumière un pan des pratiques funéraires à peine abordé par l’étude des textes, l’essentiel des connaissances sur les pratiques funéraires se fondant sur les découvertes d’inhumation, souvent riches en mobilier.
Méthodologie
Alexandrie comporte dans les réserves des musées et des dépôts archéologiques des dizaines de vases prélevés avec toutes les précautions nécessaires, ce qui permet de pouvoir les fouiller avec méthode en laboratoire, à la différence des sépultures à inhumation. La méthode de fouille est adaptée à la taille réduite de la surface explorée, sa taille et sa forme. Cela consiste à réaliser des passes consécutives, épaisses de quelques centimètres tout au plus chacune. En l’absence de changement significatif, l’épaisseur des passes, plus ou moins égales, est préétablie en fonction de la quantité des vestiges et/ou de la forme du vase-ossuaire. Les os sont alors dégagés le plus possible pour identifier un éventuel agencement stratigraphique, une orientation préférentielle d’un groupe d’os par rapport à un autre, etc. Cela permet en outre un prélèvement le moins destructif possible, chaque manipulation des ossements entraînant irrémédiablement leur fracturation. Une meilleure détermination des os est à ce prix. Des photographies par passe, au début de chacune d’elle ou en cours de fouille, sont réalisées tout le long de l’exploration du vase malgré l’étroitesse du col. Il s’agit de restituer, à partir des traces matérielles, des gestes funéraires.
Alexandrie - Coupelle servant de bouchon, avec les résidus du bûcher. Vue de profil.
© Celalex / cl. P. Georges, Inrap
Alexandrie - Hydrie de « Sporting, Geich street », quartier d’Ibrahimeya. Vue interne avant la fouille.
© Celalex / cl. P. Georges, Inrap
Alexandrie - Hydrie de « Sporting, Geich street », quartier d’Ibrahimeya. Vue de l’intérieur, en cours de fouille.
© Celalex / cl. P. Georges, Inrap.
Projet
Ce projet, établi sur 3 ans (2015, 2016 et 2017), qui comporte également un volet de formation à destination des collègues égyptiens soucieux de pouvoir gérer à l’avenir ce type de découverte, a pour but :
- d'effectuer la fouille et l’étude des vases découverts récemment, en tenant compte de leur contexte de découverte,
- d’effectuer une synthèse comparative de l’ensemble des données sur les contenants cinéraires découverts et/ou fouillés à Alexandrie, avec l’ensemble des protagonistes de ce dossier – elles demeurent très largement inédites
- d’intégrer les autres découvertes, en plus faible quantité il est vrai, que Patrice Georges a pu traiter ailleurs en Égypte.
Les sources de financement de ce projet au sein du CEAlex (USR 3134 CNRS) sont à la fois publiques (CNRS, Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, Commission des fouilles MAEE, ANR) et privées (Association des amis du Cealex).
Calendrier
- 2013 : fouille et étude de l’hydrie de la tombe hellénistique de « Sporting, Geich street », quartier d’Ibrahimeya (Alexandrie).
- 2015-2017 : fouille, étude et synthèse à des fins de publication du corpus des hydries et vases alexandrins.
Plus d'informations sur le Centre d’Études Alexandrines, ses domaines de recherche et ses publications, ici : http://www.cealex.org/
USR 3134 CNRS
50 rue Soliman Yousri
21131 Alexandrie
Patrice Georges
Inrap, Centre archéologique de Montauban
Zac Alba Sud, impasse de Lisbonne
82000 Montauban
Tél. 05 63 31 43 28
Port. 06 17 83 28 44
patrice.georges [at] inrap.fr