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Bellocq à Saint-Geours-de-Maremne (Landes)
Saint Geours-de-Maremne, Bellocq, une fenêtre sur l’occupation des sols dans les Landes du Tardiglaciaire à l’Antiquité tardive
L’emprise (8800 m² fouillés sur une surface totale de 10000 m²) occupe un plateau marqué par la confluence de plusieurs affluents de l’Adour et par une zone humide. Elle est encadrée de deux chemins apparaissant sur la carte d’état major de 1820, non loin de l’ancienne route reliant Bordeaux à Bayonne.
Du point de vue géologique, au Tertiaire, elle s’apparente à une dépression environnée de dunes. C’est durant le Quaternaire que sa morphologie évolue : les dunes sont érodées, des cours d’eau incisent l’espace qui devient un plateau. Une zone humide persiste sur sa partie orientale.
Au Paléolithique moyen, des indices matériels attestent d’une fréquentation des lieux. Au Tardiglaciaire, entre 11000 et 9000 ans avant notre ère, différentes occupations de plein air sous forme de petites concentrations lithiques de quelques mètres carrés ont été découvertes sur les bords de la zone humide. Elles se caractérisent par un débitage de projectiles en silex et de nombreux vestiges brûlés.
La zone humide se colmate progressivement. Elle piège une véritable stratigraphie, c’est-à-dire une succession de niveaux archéologiques qui ne se sont pas conservés sur le reste de l’emprise.
Au Bronze moyen (entre 1600 et 1400 avant notre ère, Bronze moyen 2), des populations s’établissent sur le plateau. Des aires de stockage sont localisées d’après les vases de type silo découverts. Elles sont à mettre en relation avec des pratiques agricoles.
Durant le Premier âge du Fer (phase initiale, entre 700 et 600 avant notre ère), des pratiques agricoles et pastorales sont à nouveau décelées mais cette fois-ci au travers de structures beaucoup mieux conservées, avec un assemblage qui regroupe du bâtiment sur poteaux ayant brûlé (présence de nombreux éléments de torchis mis au jour), des plaques foyères et des silos. L'étude en cours s'attache à préciser leur articulation fonctionnelle. Le mobilier céramique, avec la présence notable de plusieurs éléments de faisselle, confirme la vocation de cette petite unité d'habitation.
Un horizon plus récent, matérialisé par un dépotoir probablement daté du Second âge du Fer, achève de colmater l’ancienne zone humide.
Après un important hiatus couvrant les deux premiers siècles de notre ère, quelques indices évoquent une occupation difficile à caractériser au cours du Haut Empire.
Au cours des IVe-Ve siècles de notre ère, des populations s’établissent à nouveau sur le plateau. Le bourg qu'ils y bâtissent s’étend sur l’intégralité de la surface fouillée et se prolonge au-delà vers le nord. De nombreux bâtiments sur poteaux en matériaux périssables montrent des orientations régulières. Des aménagements en bois (stabilisations/ confortements/accès) sont en relation avec la présence d’un cours d’eau au sud. Parmi les activités pratiquées par les habitants de Bellocq durant l’Antiquité tardive, la métallurgie du fer se distingue. Ainsi, des déchets caractéristiques de la forge ont été mis au jour, ainsi que ceux caractérisant probablement la réduction du minerai de fer. Le mobilier associé forme des assemblages homogènes de céramique essentiellement locale. Il est difficile d’évaluer pour l’heure la date d’abandon du site. On peut cependant s’interroger sur les nombreuses traces d’incendie relevées sur les vestiges d’époque romaine. De la fin de l’Antiquité à l’époque moderne, aucun indice d’occupation n’est plus relevé sur la parcelle.
L’importance de la fouille de Bellocq à Saint-Geours-de-Maremne est indiscutable. Elle réside dans la découverte d’un site sur lequel les vestiges témoignent d'occupations jusqu’à lors inédites dans cette aire géographique, sur une surface significative.
Le secteur tardiglaciaire en cours de fouille.
S. Vigier, Inrap
Vue générale du secteur protohistorique en cours de fouille
F. Marembert, Inrap
Densité des trous de poteaux antiques.
J. Pons, Inrap
V. Elizagoyen, F. Marembert, S. Vigier
DDAST L. Detrain, agent en charge du dossier au SRA L. Maurel
R. Abila, G. Artigau, X. Bardot, G. Bernoux, A. Bitrian, S. Boulogne (topographie), J. Cardon, L. Carpentier, S. Colin (géoarchéologie), B. Ducournau, V. Dumenil, C. Dunikowski (paléométallurgie), F. Grigoletto, F. Guédon, R. Haverbèque, J.-L. Laval, C. Javierre, S. Jugieau, P. Lemerle, F. Leroy, L. Loiselier, M. Malatray, V. Matilla, F. Mellet, A.-C. Nalin, W. O'yl (orthophotos, photogrammétrie), V. Pasquet (topographie), J. Pons, M.-N. Roquecave, P. Rouzo, A. Royer, C. Scuiller, F. Sellami (géoarchéologie)
F. Réchin
Fabrice Marembert, Serge Vigier