Émissions de radio
Aucun vote pour le moment
Mis à jour le
12 février 2025
Collection
L'Entretien archéologique

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, "L'Entretien archéologique" retrace les avancées de la recherche française et internationale, parcourt terrains, chantiers et laboratoires. À écouter le vendredi de 16h30 à 17h sur France Culture.

Une coproduction de France Culture et Inrap.

Avec Jean Soulat, archéologue, ingénieur d'études au laboratoire LandArc.

Au large de Madagascar la petite île de Sainte-Marie était un repaire de forbans au tournant du XVIIIe siècle. Jean Soulat, archéologue et spécialiste des pirates, dirige des recherches sur ce site exceptionnel recelant plusieurs épaves et des traces d’occupation terrestre des pirates.

Au tournant du XVIIIe siècle vivaient sur une île au large de Madagascar un groupe de pirates qui s’étaient sédentarisés dans une sorte de comptoir marchand.

De récentes fouilles archéologiques nous en apprennent plus sur cette courte occupation de l’île Sainte Marie et nous permet de faire un peu de nettoyage dans l’histoire de la piraterie souvent perdues sous des strates de mythes et de chasse au trésor.

Comment cette micro société de forbans s’organisait-elle ? Quelles furent les interactions entre ces pirates et la population de Madagascar ? Et comment cette occupation de quelques décennies témoigne-t-elle d’une période de transfert de la piraterie des Caraïbes vers l’Océan Indien ?

Voilà quelques unes des grandes questions auxquelles nous allons nous atteler aujourd’hui  avec Jean Soulat, archéologue de la piraterie au Laboratoire LandArc associé au CNRS de l’Université de Caen et Paris 1. Auteur récemment du livre La Grande histoire pop des pirates aux éditions Eyrolles. Et responsable de ces travaux de recherches sur l’île Sainte Marie dans ce repère de pirates autour de la baie d'Ambodifotatra.

Archéologie de la piraterie : distinguer le vrai du mythe

Si les pirates sont omniprésents dans la culture populaire, l’étude archéologique des vestiges de la piraterie, elle, est bien complexe à mettre en place. Les traces dans les archives sont abondantes, tant les pirates ont nourri les mythes et les imaginaires. Cette exagération des activités des pirates dans les écrits, rend aussi la tâche des archéologues complexe, car il faut démêler le vrai du mythe.

860_sc_debrief.jpg
Débrief de sortie de plongée avec la redécouverte de l’épave . - (crédit S. Malard, ADLP)

L'âge d'or de la piraterie et le passage des Caraïbes à l'Océan Indien

Jean Soulat, archéologue et spécialiste de la piraterie, est confronté à ces problématiques dans ses travaux de recherches. Les études sur la piraterie se focalisent sur une période clef très courte connue sous le nom “d’âge d’or de la piraterie” qui court de 1680 à 1730. Un laps de temps au cours duquel l'activité mondialisée des pirates est particulièrement intense. Dans un premier temps ces pirates s'attaquent aux bateaux en direction des Amériques dans les Caraïbes. Puis l’augmentation de la chasse aux pirates dans ces régions entraîne une migration  vers l'Océan Indien, la route des Indes et donc Madagascar.

860_sc_1-4bbf2184.jpg
Mise au jour des restes de cases construites par les pirates dans les années 1720 - (crédit A. Coulaud, ADLP)

L'île Sainte-Marie : une sédentarisation des pirates ?

C’est sur l’île Sainte-Marie que Jean Soulat et ses équipes ont débuté un projet de fouilles en 2022 faisant suite à des études brèves dans les années 2000. Plusieurs épaves ont été étudiées sur ce site. De même, la première fouille d’une installation terrestre de pirates y a été réalisée. Loin de la république fictive de “Libertalia” il s’agissait d’un comptoir commercial modeste, mais ces fouilles nous en apprennent plus sur le mode de vie des forbans. Les pirates accumulant les prises sur les bateaux de commerce venant du monde entier, il s'agit là d'une étude matérielle particulièrement riche du fait de la diversité de provenance de ces objets divers et variés. Un casse tête pour les archéologues devant identifier sur un même site de fouilles, de la porcelaine chinoise, une bague d’archer mongole, ou encore une pipe d’un maître pipier de Glasgow.

860_sc_porcelaine.jpg
Porcelaines chinoises de la période Kangxi venant de l’épave - (crédit S. Malard, ADLP)
Année :
2024
Durée :
29 min
Année :
2024