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Archéogéographie et diagnostic archéologique. L'expérience de l'A83 dans le Sud-Vendée : un « retour vers le futur »
Ce deuxième séminaire scientifique et technique s’est tenu à Caen, à l'auditorium du château, les 28 et 29 septembre 2017. Il a été organisé par l'Inrap (David Flotté et Cyril Marcigny) avec le soutien du département du Calvados et de la Mairie de Caen.
Dans cette communication nous souhaitons revenir sur une expérience conduite dans les années 1990 sur le tracé de l’A83 traversant le Sud-Vendée. Des études liminaires de type documentaire mais surtout des prospections et évaluations mécaniques de sites de faible densité ont été réalisées avant la fouille des sites jugés assez intéressants pour l’être.
Auteurs et intervenants
- Pascal Vialet, chargé d'opération et de recherche, Inrap Grand-Ouest
- Magali Watteaux, maître de conférences en histoire et archéologie médiévales, Université Rennes 2
Au fur et à mesure de l’avancée de ces travaux archéologiques, les stratégies techniques concernant en particulier le maillage des sondages de diagnostic ont évolué, s’affinant du nord au sud. La particularité de cette vaste opération est d’avoir porté attention aux sites de faible densité – entre Sainte-Hermine et Oulmes – dont 50 % sont constitués de fossés parcellaires ou viaires. Ces derniers ont fait l’objet d’un enregistrement rigoureux et exhaustif afin de constituer un dossier pour une éventuelle analyse morphologique qui représentait alors le moyen de s’affranchir de l’emprise archéologique et l’opportunité d’intégrer ces « non-sites » à la réflexion archéologique sur un territoire donné, couplée à la connaissance des sites étendus.
Cette étude de type archéogéographique n’est finalement arrivée qu’au début des années 2000, dans le cadre d’une thèse sur l’histoire planimétrique d’un secteur de 800 km² dans le Sud-Vendée, à cheval entre bocage et plaine, sous la direction de Gérard Chouquer. C’est le retour d’expérience de la confrontation entre ces deux démarches dont nous souhaitons rendre compte ici.
Il s’agira de montrer ce que les données archéologiques préventives collectées dans le cadre de ces diagnostics ont apporté à l’analyse archéogéographique et, inversement, ce que cette dernière apporte depuis 2009 (date de soutenance), rétrospectivement, aux évaluations et fouilles conduites dans le cadre de l’A83 et aux travaux préventifs réalisés depuis lors dans la plaine sud-vendéenne. Cette articulation pose plusieurs types de problèmes qui, tous, ont un impact sur l’exploitation et la compréhension des données archéologiques ou archéogéographiques : le problème de l’échantillonnage des sondages bien sûr, mais aussi le problème de la mutualisation et de la numérisation des données géographiques et archéologiques ainsi que le problème de la définition des problématiques retenues en amont des diagnostics (et des fouilles). Ainsi, cette expérience ne fut pas simple ni sans ratés et déceptions.
En définitive, c’est donc un bilan contrasté que nous présenterons, sur ce qui n’a pas été possible de faire et sur ce qu'il est possible de faire aujourd’hui. Il dessinera en creux ce qu’il aurait fallu faire, quand et ce que cela aurait permis de comprendre (« retour vers le futur »). Nous souhaitons montrer que conduire une étude archéogéographique uniquement en aval des grosses opérations de diagnostic archéologique représente une erreur à double titre :
- l’étude archéogéographique profite certes de données archéologiques complètement traitées (rapports rédigés) mais parce que les diagnostics (et les fouilles qui s’en suivent) n’ont pas été conduits en prenant en compte la problématique archéogéographique, les données ne sont pas toujours exploitables ou aussi intéressantes qu’elles auraient pu l’être ;
- les diagnostics archéologiques ne profitent pas de la connaissance du territoire apportée par l’analyse archéogéographique alors que celle-ci constitue un outil précieux pour orienter les interventions des archéologues sur ces territoires.
L’approche archéologique et archéogéographique doivent être intégrées en amont des diagnostics, pour participer à leur conception, à leur préparation technique, à leur mise en œuvre sur le terrain et contribuer ensemble à l’analyse des données durant la post-fouille.