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Structure politique et société pendant l'âge du Fer
Sur les territoires correspondant à la France actuelle, les groupes familiaux gaulois forment le socle de la société celtique. Ils sont regroupés en villages et en tribus dominées par des chefs aristocratiques au prestige plus ou moins marqué (les « princes »). La fin de l’âge du Fer voit apparaître des organisations pré-étatiques (les oppida).
Le mobilier fastueux (char funéraire, service de boisson de type méditerranéen, parures importées…) découvert en 1953 dans une tombe à Vix, en Bourgogne, et dans une autre à Lavau, en Champagne-Ardenne en 2015, révèle l’existence, dès le VIe siècle avant notre ère, de sociétés dirigées par une caste princière. Les territoires concernés sont alors impliqués dans le réseau commercial méditerranéen. Des recherches récentes montrent que certaines agglomérations pouvaient s’étendre sur plus de 20 hectares (Mont-Lassois, Bourges…) et présentaient, en périphérie, une forte densité d’exploitations.
Cette expansion urbaine, tout comme la spécialisation de certaines activités, ont été rendues possibles par le commerce des excédents agricoles, qui s’observe à travers la multiplication des structures de stockage (greniers, silos). Cette évolution semble être stoppée au début du IVe siècle par la conjonction de deux événements sans doute liés : une dégradation des conditions climatiques documentée par les données paléoenvironnementales et certains changements dans la politique économique de la ville de Marseille. En effet, la cité phocéenne, de fondation grecque, va développer une politique commerciale maritime active et se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement que celles maîtrisées par les Celtes. On peut citer, par exemple, les céréales de Sicile ou d’Afrique du Nord et les ressources minières de l’Ibérie. La forte déstabilisation des équilibres politiques et des réseaux d’échanges qui s’ensuit perdure jusqu’au début du IIe siècle avant notre ère. À cette époque, l’effet cumulé du radoucissement climatique et d’importantes innovations dans les pratiques agricoles relance l’intensité des productions.
Densification des échanges, spécialisation des activités : ces caractéristiques se retrouvent également au sein des villages, qui concentrent désormais un grand nombre d’activités spécialisées telles le travail du métal, du verre ou de la céramique. Parallèlement, les échanges avec les populations méditerranéennes se développent (commerce du vin) et la monnaie commence à circuler dans le monde celtique.
Au cours du IIe siècle, apparaissent des agglomérations de plusieurs hectares, délimitées par des enceintes monumentales. Ces villes celtiques, les oppida, sont un symbole de puissance : elles matérialisent d’importants pouvoirs politiques et économiques, et sont donc souvent identifiées comme les capitales des cités. Si ces États primitifs n’ont pu résister à la conquête romaine, leur organisation a été majoritairement préservée, puis restructurée pour donner naissance aux cités gallo-romaines.