À Blois, l'Inrap fouille actuellement l'îlot Saint-Vincent, un îlot urbain où les occupations des époques moderne et contemporaine ont été mises au jour lors d'un premier décapage, de part et d’autre de l’ancien tracé de la rue du Pont du Gast.

Dernière modification
21 juin 2024

Depuis le 18 octobre 2021 et pour une durée d’un an, les chercheurs de l’Inrap réalisent les fouilles archéologiques, sur prescription de l’État (Drac Centre-Val de Loire), dans l’îlot Saint-Vincent en préalable à son aménagement par la société 3 Vals Aménagement et la Ville. Ces fouilles font suite à trois diagnostics qui ont mis en évidence des traces de fréquentation humaine dès avant l’époque romaine. Les investigations s’effectuent sur une superficie de 6 250 m2, dans un secteur proche du coeur de la ville médiévale et moderne, mais hors de l’espace clos par l’enceinte du XIIIe siècle. Les zones fouillées occupent la base du coteau méridional et le fond de la vallée de l’Arrou, affluent de la Loire aujourd’hui canalisé. Elles s’étendent de part et d’autre d’une voie ancienne et, pour partie, dans les anciens jardins royaux Renaissance.

Un site occupé jusqu’à nos jours

La vallée de l’Arrou est un axe de circulation privilégié dont la fréquentation s’intensifie après la création de la ville antique, au début du Ier siècle de notre ère. Les abords du cours d’eau sont occupés au moins jusqu’au XIe siècle. Au XIIIe siècle, un petit faubourg prend forme dans la vallée.

Les XVe et XVIe siècles sont des périodes charnières de l’histoire de Blois : les jardins royaux sont progressivement aménagés et deux jeux de paume (jeu de balle ancêtre du tennis, très prisé par la Cour) y sont édifiés. L’installation de la confrérie des Jésuites le long de la rue du Pont du Gast au cours du XVIIe siècle bouleverse profondément l’organisation du site. Dans les jardins royaux qui sont de moins en moins bien entretenus, les infrastructures de loisirs déclinent progressivement : le grand jeu de paume sera démantelé et le petit jeu de paume réaffecté à d’autres fonctions. Jusqu’au XIXe siècle, le quartier connaît peu de transformations notables.

L’urbanisation de l’îlot prend son essor à la fin du XIXe siècle avec de vastes constructions à caractère public (Bureau de Bienfaisance). Au XXe siècle, une nouvelle trame urbaine se dessine, avec entre autres le percement de la rue du Père Monsabré et l’alignement de la rue du Pont-du-Gast dans les années 1960.


Comprendre l’évolution de l’îlot Saint-Vincent

Les fouilles ont pour objectif de comprendre les formes d’occupation de cet espace au fil du temps, et ce peut-être dès la Préhistoire. Pour ce faire, les archéologues privilégieront plusieurs problématiques établies sur la base des connaissances acquises lors des diagnostics. Parmi les deux plus importantes, l’une s’emploiera à définir le processus de colonisation de la vallée qui aboutit à la pérennisation d’un habitat structuré qui se densifierait au haut Moyen Âge. L’autre se rapportera à l’analyse socio-fonctionnelle des occupations médiévales et modernes situées le long de l’ancien tracé de la rue du Pont du Gast à partir du XIIIe siècle.

Premiers résultats

À l’issue du premier décapage général, c’est la trame du parcellaire urbain des époques moderne et contemporaine qui a été rendue visible de part et d’autre de l’ancien tracé de la rue du Pont du Gast, dont la chaussée a été découverte presque intacte sous les remblais qui la condamnèrent.

Au nord de la rue du Pont du Gast, les fondations des bâtiments du Bureau de Bienfaisance ont été partiellement dégagées. À ses abords, dans l’emprise supposée de la cour de l’institution, d’importantes excavations des XIXe ou XXe siècle ont entraîné la destruction de nombreux vestiges d’occupations antérieures (XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles). Toutefois, à plusieurs endroits, des fondations de bâtisses, de murs de clôtures, mais aussi des nivellements de sols et des espaces de circulation bien conservés pourraient témoigner des aménagements entrepris sur le site par les Jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Au sud de la rue du Pont du Gast, la trame urbaine diffère par la forte densité du bâti. Le plan des fondations du bâti montre une concentration des constructions qui, dans la plupart des parcelles, occupent tout l’espace disponible. Les caves sont nombreuses et éloignées du front de rue.

La fouille aura pour objectif de comprendre les modalités de mise en place de cette trame dont l’intrication des formes parcellaires témoigne de longue évolution.

Aménagement : Ville de Blois - 3 Vals Aménagement
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Centre-Val-de-Loire)
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable de recherches archéologiques : Didier Josset, Inrap