Préhistoire en Nouvelle-Aquitaine

Pourquoi la région Nouvelle-Aquitaine d’aujourd’hui, est-elle bien plus riche en vestiges préhistoriques que nombre de régions françaises. L’Homme s’y serait-il implanté plus précocement, ou tout au contraire, les sites archéologiques sont-ils mieux conservés comme mieux étudiés ?

Loin des glaciers, la région Nouvelle-Aquitaine aurait-elle été bien plus clémente que celles plus septentrionales ? Peut-être toutes ces raisons à la fois, comme bien d’autres, notamment la présence de karsts, qui a contribué à la formation de grottes et d’abris sous-roche, qui furent autant d’abris pour l’Homme. Avec ces très nombreuses cavités, la vallée de la Vézère, en Dordogne, en est bien entendu la meilleure illustration. Ces vallées encaissées furent aussi très probablement de véritables refuges, zones de repli dans les phases climatiques les plus extrêmes pour l’Homme.

L’Aquitaine est aussi à l’origine de la préhistoire, ses gisements préhistoriques sont désormais les éponymes de grandes cultures du Paléolithique : le Moustier et le Moustérien, la Madeleine et le Magdalénien en sont deux exemples emblématiques.

Carte des sites achéologiques préhistoriques en région Nouvelle Aquitaine - © Valérie Feruglio

Les biches de la grotte du Chaffaud à Savigné, Vienne, première œuvre d’art mobilier (Magdalénien) jamais découverte, avant 1845. Gravure sur métatarse de renne - © MAN/RMNGP/Jean-Gilles Berizzi

Grotte d’Oxocelhaya à St-Martin d’Arberoue, Galerie Larribau : Chevaux magdaléniens gravés au doigt sur une paroi argileuse (Pyrénées-Atlantiques) - © photo A. Labarge

Art et Préhistoire

L’art paléolithique est exceptionnel en Périgord : Lascaux, Fond de Gaume ou la grotte de la Mouthe sont désormais très célèbres. Celle de Cussac, étroit boyau s’enfonçant profondément sous terre, est la dernière grande cavité découverte. Datée de 30 000 ans, elle appartient à la culture gravettienne et révèle un art gravé (Femmes, chevaux…) tout à fait exceptionnel. Si l’on évoque toujours les grands sanctuaires, bien d’autres, plus modestes, sont tout aussi importants : c’est le cas de l’abri Castanet, qui révèle des œuvres plus vieilles que celles de la grotte Chauvet (Ardèche).

Hormis foie gras et confit de canard, la préhistoire s’avère, en Périgord, le véritable moteur du tourisme. Cela ne doit pas occulter d’autres départements au passé moins connu. Le Poitou, par exemple, avec les vallées de l’Anglin ou de la Gartempe, possède quantité de grottes. À Lussac-les-Châteaux, des grottes et abris sont par exemple bien présents, comme les grottes des Fadets, de la Tannerie, de l’Ermitage, la plus célèbre étant la grotte de la Marche qui a révélé un art sur plaquettes composé de chevaux, bisons, rennes mais aussi de très originales représentations humaines, parfois qualifiées de "portraits". Une grande partie de cet art mobilier est visible au musée de la Préhistoire de Lussac.

La Dame de Brassempouy (Gravettien moyen vers -28 -30 000 ans), découverte en 1894 à l‘entrée de la grotte du Pape au moment des fouilles d’Édouard Piette et de Joseph de Laporterie - © Photo RMN

Le Cheval à tête retournée de la grotte de Pair-non-Pair - © photo CMN, Ph. Berthié

Les premiers Aquitains : Neandertal et sapiens

Le plus célèbre d’entre eux est sans conteste Cro-Magnon, découvert en 1868 dans l’abri du même nom aux Eyzies-de-Tayac et qui a longtemps désigné l’ensemble des Sapiens Sapiens ayant vécu en Europe occidentale. Quantité de fossiles humains ont été découverts en Aquitaine, et tout notamment, en Charente. Parmi les néandertaliens figure celui du Régordou (Montignac) mais aussi celui de Saint-Césaire, qui appartient à l’ultime branche de ce groupe humain. Parmi les récentes découvertes, figurent six homos sapiens déposés dans des bauges d’ours dans la grotte de Cussac.

Grotte de Bernifal (Meyrals, Dordogne). Mammouth magdalénien dessiné à l'argile brune qui épouse parfaitement un relief calcaire suggestif (bas de l’animal et pattes) - © photo N. Aujoulat, CNP

Ce que nous propose Jacques Jaubert, préhistorien et archéologue, professeur de préhistoire à l'université Bordeaux-I, est un guide-dictionnaire, outil indispensable, pour, sur le terrain, remonter le temps : sites archéologiques, musées, parcs, tout y figure, même cette étonnante sépulture dans le cimetière de Carsac : professeur à l’Université de Bordeaux, François Bordes a été le grand préhistorien de l’Aquitaine de la seconde moitié du XXe siècle. Il fut aussi auteur de science-fiction, justement sous le nom de Francis Carsac. Sa dalle sépulcrale est recouverte de nucléus, lames et outils de silex résultant des expérimentations de taille de ses élèves, étudiants et admirateurs…

Tombe de François et Denise Bordes au cimetière de Carsac-Aillac (Dordogne) - © garrigou

Pour aller plus loin

• Pages de présentation de Jacques Jaubert : sur le site du laboratoire PACEA (de la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie), sa page wikipedia, sur le site de l'Université de Bordeaux, sur Babelio, et sur Radio France.
• Ses publications : sur Academia, sur Open edition books, sur Persée.
• Présentation de son ouvrage, PréhistoGuide Nouvelle-Aquitaine (Editions Confluences, 2023).
• LES PRINCIPAUX MUSEES
• Site du musée d'Aquitaine, à Bordeaux (Gironde).
• Site du musée de préhistoire de Lussac-les-Chateaux (Vienne).
• Site du musée d'Angoulême et du musée de la Société archéologique et historique de la Charente, à Angoulême (Charente).
• Site du musée national de la préhistoire aux Eyzies (Dordogne).
• Site du musée d'art et d'archéologie du Périgord (MAAP), à Périgueux (Dordogne).
• Site du musée de l'Homme de Neandertal à La Chapelle-aux-Saints (Corrèze).

Quelques références

• Page sur Denis Peyrony (1869-1954), instituteur aux Eyzies et préhistorien.
• Page sur Edouard Philippe Émile Carthailac (1845-1921), archéologue et préhistorien.
• Page sur la grotte d'Altamira, en Espagne.