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Pour une nouvelle histoire des nations gauloises

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, "L'Entretien archéologique" retrace les avancées de la recherche française et internationale, parcourt terrains, chantiers et laboratoires. À écouter le vendredi de 16h30 à 17h sur France Culture.
Une coproduction de France Culture et Inrap.
Avec Laurent Olivier, historien et conservateur général du patrimoine en charge des collections d'archéologie celtique et gauloise du Musée d'Archéologie nationale (Saint-Germain-en-Laye).
L’Histoire de la Gaule a été écrite par les romains vainqueurs. Le croisement des approches de l'histoire, de l'archéologie et de l'anthropologie dévoile, peu à peu, un nouveau monde gaulois, son fonctionnement comme ses aspirations.
On le sait, l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, au profit des vaincus, il en est ainsi des gaulois… Vae victis, malheur aux vaincus ! La phrase de Brennus s’avère tout à la fois funeste et prémonitoire, puisque la reddition de Vercingétorix à Gergovie signe non seulement la fin de la Gaule indépendante, mais aussi la disparition de toute l’histoire des nations gauloises…

Au-delà des présupposés
Les récits transmis par les Grecs et les Romains ont servi à des générations de chercheurs. On y apprend alors que le gaulois est élégant, porte des brais et une cape, tandis que ses cheveux, éclaircis à la chaux, sont rejetés en arrière. Il arbore surtout un torque et des bijoux d’or, par essence, cliquants. Si on les dit accueillants, César relate que « la colère et la légèreté, sont leurs traits dominants ». Aujourd’hui, notre vision de la Gaule est atteinte d’un fort tropisme gréco-romain, présupposés dont il est temps de s'affranchir. Historiens et archéologues devraient alors œuvrer à une anthropologie de ces sociétés, et, par là même, élaborer des scénarios possibles ou vraisemblables de cet univers gaulois. Le croisement des approches de l'histoire, de l'archéologie et de l'anthropologie permet surtout de mettre en lumière le fonctionnement et les aspirations de ces sociétés gauloises.

La Gaule, une société démocratique avant l’heure ?
Le siècle des lumières évoque, bien entendu, la démocratie, la Grèce antique aussi ! Cependant, le système politique de la Gaule proposerait un modèle de fonctionnement politique non seulement plus abouti que le modèle grec, mais surtout plus démocratique, une démocratie directe, en quelque sorte. En effet, les mesures visant à prévenir l’apparition de la tyrannie y sont plus strictes, et, au cours du Ier siècle avant notre ère, la plèbe gauloise participe à la vie de la société. La culture gauloise pose surtout la liberté individuelle en un principe fondamental, celui-ci limitant donc l’autorité du pouvoir. La société gauloise met enfin en place une véritable séparation des pouvoirs, le pouvoir juridictionnel appartenant strictement aux druides, c’est-à-dire aux garants du savoir.
C’est donc une vision inattendue du monde gaulois qui se dévoile, un peuple ô combien « barbare », ayant développé une pensée politique et sociale originale.


Pour aller plus loin
- Présentation et publications de Laurent Olivier sur sa page wikipédia, sur Babelio, sur le site archéophile.com.
- Son profil Radio France.
- Consulter la biographie et les contributions de Laurent Olivier sur le site du musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
- Lire l’article Notre utopie gauloise est solide de Laurent Olivier, magazine Marianne, 19 novembre 2020.
- L'ouvrage de Laurent Olivier, Le monde secret des gaulois (éditions Flammarion, octobre 2024).
- Site du Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (MAN).
