Émissions de radio
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Mis à jour le
05 octobre 2023
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Nicolas Teyssandier, archéologue et préhistorien, chargé de recherches au CNRS et directeur adjoint du laboratoire TRACES, Bérénice Bellina, archéologue, chercheuse au CNRS, Directrice de la mission archéologique française en Thaïlande et Birmanie péninsulaire et Julio Bendezu-Sarmiento, archéologue et préhistorien, spécialiste de l’Asie centrale, du Sud, et de l’Iran, chargé de recherche au CNRS, ancien directeur de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA).

Au mois de juin 2023, à quelques encablures des plages de Carnac, des menhirs armoricains étaient détruits au bénéfice d’un magasin périurbain. Le scandale a été retentissant !

Si tout semble avoir été dit sur cette affaire, parfois jusqu’à l’excès, ces menhirs sont en parfaite adéquation avec cette phrase de Victor Hugo : "Chaque jour, quelque vieux souvenir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il était écrit."

C’est en 1832, qu’Hugo publie, dans la Revue des deux Mondes, un véritable brûlot : "Guerre aux démolisseurs." Si les acteurs ont quelque peu changé, l’urgence face au saccage des vestiges du passé s’avère plus que d’actualité. À l’occasion des Journées du Patrimoine et de la sortie de l'Atlas des sites archéologiques menacés, l’émission fait un tour d’horizon des causes de ces destructions, notamment en Asie du Sud-Est, en Asie centrale et dans le Maghreb.

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Le mur avec le dessin du pingouin de la grotte Cosquer (Marseille). © Getty - © Laurent Coust/SOPA Images/LightRocket

Hormis l’action des hommes, le changement climatique s’avère aujourd’hui un nouveau facteur pris en compte dans la déprédation du Patrimoine. En France, la grotte Cosquer en est sûrement l’exemple le plus saisissant. Sans oublier que les côtes françaises sont aussi très menacées par la montée du niveau marin, notamment la côte atlantique où le trait de côte a reculé de 20 %. Il en est de même pour nos glaciers, qui, eux aussi, possèdent nombre de vestiges archéologiques.

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Maliwan, à la frontière entre Le Myanmar et la Thaïlande. Pilleurs de perles. - © B. Bellina
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Les perles bleues de la péninsule thaïe-malaise - © B. Bellina

La péninsule thaïe-malaise est un carrefour entre Océan Indien et Mer de Chine, avec les routes maritimes de la Soie, lien entre les mondes méditerranéen et chinois. Nous voici face aux premières cités-États cosmopolites d’Asie du Sud-Est. Les perles en pierres semi-précieuses, mais aussi en verre, jouaient un rôle très important dans ces échanges, notamment les cornalines issues du Deccan (Inde). Aujourd’hui, le pillage de ces objets est systématique, notamment dans les sites portuaires, mais aussi dans les sépultures. Les anthropologues ont mis en évidence que ces perles cristallisent aujourd’hui certaines revendications d’ordre mémoriel, identitaire ou religieux en fonction des groupes ethniques. Pour les archéologues, le seul moyen est de travailler autour de ces objets pillés, parfois même avec les pillards.

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Un des bouddhas de Bâmiyân (Afghanistan) en 1979, avant leur destruction. © Getty - © Andrew Forbes/Pictures From History/Universal Images Group

La destruction, en 2001, des Bouddhas de Bamiyân en Afghanistan a eu un retentissement mondial. Moins connue est la falaise des Bouddhas percée de 1000 grottes contenant un art rupestre et aujourd'hui victime des conséquences du dérèglement climatique. Deux cités spectaculaires et fortifiées de la période islamique (IXe -XIIe siècle) sont aujourd’hui largement minées et pour partie détruites : Shahr-e Gholghola ("la cité des murmures") et Shahr-e Zohak ("la ville rouge"). L’Afghanistan résume à elle seule tous les maux, guerre, pillage, variations climatiques, mais aussi aménagement du territoire. À 40 km au sud-est de Kaboul, se dresse Mes Aynak, un site majeur sur lequel la DAFA a œuvré : des ateliers, des entrepôts, des zones d’habitat, mais aussi plusieurs monastères bouddhiques ont ainsi été recensés. Ces derniers présentent une architecture en terre bien préservée et une décoration exceptionnelle (stupas, statues, peintures murales…). Mais ce site est implanté sur un des plus grands gisements mondiaux de cuivre, exploité par la Chine et dont le gouvernement taliban souhaite l’extension.

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Sculptures bouddhistes retriouvées sur le site archéologique de Mes Aynak et conservées au Musée national d'Afghanistan de KabouL © Getty - © Jay Price/Tribune News Service

Depuis quelques mois, un phénomène émerge en Afghanistan, dans la province de Balkh : un pillage industrialisé, encadré par des experts et des archéologues professionnels, employant les techniques les plus modernes de l’archéologie. Parmi plus d’une centaine de sites, Dilberjin Tepe (IVe av. –Ve de notre ère), l’antique cité de la "colline de la fée ravissante", au pied de l’Amou-Daria, fleuron du bouddhisme d’Asie centrale, est réduite à néant, ses plus beaux vestiges excavés finançant armes et combattants de l’organisation État islamique.

 

Pour aller plus loin

Année :
2023
Durée :
29 min
Année :
2023