Boulevard de la Corderie (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône, Marseille)

Sous-titre

Rapport de fouille 2019

Numéro DAP
35
Image d'entête
DAP 35 | Marseille « Boulevard de la Corderie » (Bouches-du-Rhône)
Média
DAP 35 | Marseille « Boulevard de la Corderie » (Bouches-du-Rhône)
date expertise
septembre 2019
date achevement
juin 2019
Paragraphes

La fouille de la carrière de la Corderie a été réalisée en 2017 sur la rive sud du Vieux-Port à Marseille, à l’extérieur des murs de la cité grecque et romaine. Elle a permis de mettre au jour, sur plus de 1200 m2, une exploitation antique de calcaire qui a connu trois périodes successives d’exploitation, la première à la fin de l’époque grecque archaïque (fin du VIe et début du Ve s. avant notre ère), la seconde à l’époque hellénistique (IVe-IIIe s. avant notre ère) et la dernière durant la période romaine.

Cette opération nous a offert l’occasion, pour l’instant unique, d’étudier de façon extensive un des gisements antiques de calcaire dit « de Saint-Victor ». Cette roche, dont il existe plusieurs faciès ayant chacun ses spécificités[1], a constitué l’un des principaux matériaux de construction de la ville grecque, utilisé dans les monuments publics (remparts, chapiteaux) ou privés (murs, caniveaux, …) ainsi que pour la sculpture. La pierre exploitée dans la carrière de la Corderie est une veine particulière, mal adaptée aux élévations car sensible aux intempéries ; elle semble avoir servi à produire principalement des sarcophages et des dalles (vraisemblablement destinées à la confection de cistes funéraires). D’autres types de productions, comme par exemple des bases de pressoir, sont également attestées, soit par leur empreinte en négatif dans le rocher, soit par des blocs abandonnés sur place par les carriers.

Le déplacement progressif de l’activité extractive a entraîné le remblaiement rapide des fronts de taille grecs et leur « fossilisation » sous des milliers de mètres cube de déchets de taille, permettant ainsi la parfaite conservation des impacts et traces d’outils dans cette roche pourtant très tendre. Les outils traditionnels des carriers, le pic à l’extrémité pointue et l’escoude, dotée d’un tranchant transversal à l’axe du manche, tous deux à percussion lancée, servaient à détourer les blocs au moyen de tranchées périphériques, puis des coins métalliques, introduits sous l’arête frontale inférieure des blocs, permettaient de les désolidariser du socle rocheux. Ces techniques d’extraction classiques pour l’Antiquité sont demeurées les mêmes jusqu’à la période moderne, mais les outils utilisés durant la plus ancienne phase d’exploitation de la carrière de la Corderie présentent quelques spécificités. Ainsi, les empreintes de fers d’escoude qui ont pu être observées sont larges de 1,5 cm dans la carrière grecque des VIe-Ve s. avant notre ère et de 2,5 cm dans la partie exploitée aux IVe-IIIe s. avant notre ère. Ces dimensions inédites permettent d’enrichir pour ces périodes anciennes le corpus d’outils élaboré par Jean-Claude Bessac (Bessac, 2002). L’utilisation de coins métalliques, bien présente en Grèce même, dès le VIe s. avant notre ère, est ici également attestée pour la première fois en Méditerranée occidentale. Aucun exemplaire n’en a été retrouvé, mais il est possible, encore une fois à partir de leurs empreintes dans la roche, de restituer des coins cylindriques d’un diamètre de 3 à 5 cm, appointés à l’une de leurs extrémités et longs d’une vingtaine de centimètres. L’utilisation de ces « pointes » dans la roche très stratifiée de la carrière de la Corderie permettait, sans trop de difficultés, de détacher les blocs le long des joints de stratification.

Carrier en train de réaliser une saignée à l'escoude dans la carrière de calcaire coquillier de Rognes (Bouches-du-Rhône), milieu du XXe siècle. Document "Les amis du Patrimoine de Rognes".

À ces outils propres aux carriers, d’autres, destinés aux finitions, étaient également utilisés sur site comme le marteau-taillant, muni de deux tranchants droits, parallèles au manche et employé pour façonner et régulariser les parois des blocs, notamment celles des cuves de sarcophages.

La carrière archaïque ne trouve que très peu de parallèles dans le monde grec, où les exploitations de marbre ont généralement été l’objet de toutes les attentions.

L’ancienneté de cette exploitation, l’excellente conservation des fronts de taille, ainsi que leur grand intérêt scientifique et patrimonial, ont conduit, en janvier 2018, au classement au titre des monuments historiques d’une partie de cette carrière. La partie nord du site a été détruite par la construction de l’immeuble pour lequel la fouille préventive avait été prescrite, tandis que les vestiges situés au sud, conservés sur 735 m2 ont été préservés.

La conservation et la valorisation de ce site archéologique ont été au cœur de mobilisations des riverains et de nombreuses manifestations citoyennes ; elles ont constitué un des thèmes de la campagne des élections municipales en 2020 dont le maire actuel et son équipe se sont saisis. Début 2023, le sort de la partie conservée de la carrière est encore incertain : valorisation in situ et présentation au public ou remblaiement pour la protéger et valorisation dans le cadre du Musée d’Histoire de la ville ?

1

Le calcaire de la Corderie a pu bénéficier d’une étude géologique et géochimique poussée qui ouvre la voie à de fructueuses collaborations à venir entre géologues et archéologues marseillais (M. Fournier et al., 2022). La carrière a également fait l’objet d’une présentation lors d’une journée d’études du Centre Camille Jullian à Aix-en-Provence et d’un article de synthèse dans les actes de ces journées (Mellinand et al., 2020).

Sommaire

Volume 1 

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation de l’opération

1.1. Le cadre technique
1.2. Zones et secteurs, enregistrement et méthodologie
1.3. Le cadre archéologique
1.4. Recherches en archives

2. Les carrières antiques

2.1. Introduction
2.2. La carrière archaïque
2.3. La carrière hellénistique : zones 5, 6 et 2
2.4. La carrière romaine

3. L’occupation moderne du site, description et interprétation des vestiges

3.1. Corderie et Ignorantins (XVIIIe s. )
3.2. La caserne (années 1810 – années 1970)

4. Conclusion

4.1. Carrières et carriers grecs
4.2. Outils et techniques
4.3. Carrières grecques et romaine, des gestions très différentes
4.4. Essais de restitution des volumes et quantité
4.5. Pistes de travail …
Bibliographie
Liste des illustrations

5. Études spécialisées

5.1. Le cadre géologique
5.2. Compétences des matériaux
5.3. Les mobiliers céramique d’époque grecque (et romaine) de la carrière antique du boulevard de la Corderie à Marseille
5.4. Quelques céramiques modernes du site de la Corderie
5.5. Les Remparts modernes de Marseille, Cours Pierre Puget, et Rue du Rempart


Volume 2

III. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

MELLINAND, Philippe (dir.). (2019). Marseille, Bouches-du-Rhône, Boulevard de la Corderie, Provence-Alpes-Côte d'Azur (Rapport de fouilles, 2 vol.). Nîmes : Inrap Midi-MED. https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0159902.

Rapport de diagnostic

RICHIER, Anne, MICHAUDEL, Benjamin. (2016).Provence-Alpes-Côte d'Azur, Bouches-du-Rhône, Marseille, boulevard de la Corderie (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Nîmes : Inrap MED. https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0146055.

Publications citées dans l'introduction

FOURNIER, François, MELLINAND, Philippe, VILLENEUVE, Michel, MARIÉ, Lionel & KADRI, M. Nazim. (2022). Géologie et géochimie de la carrière de la Corderie (Marseille) : implications pour la caractérisation et la provenance des matériaux lapidaires antiques. Géologie de la France, 2, 11-27. http://geolfrance.brgm.fr/geologie-geochimie-carriere-corderie-marseille-implications-caracterisation-provenance-materiaux.

MELLINAND, Philippe, FRANGIN, Elsa, PAONE, Françoise, SAGETAT-BASSEUIL, Elsa, SCHERRER, Nadine, VACCA-GOUTOULLI, Mireille & VOYEZ, Christophe. (2020). La carrière de calcaire du boulevard de la Corderie à Marseille. Dans H. Aurigny et V. Gaggadis-Robin (éd.), Nouvelles recherches sur la sculpture en calcaire en Méditerranée : journée d’études du 19 juin 2018. Aix-en-Provence : Centre Camille Jullian (p. 43-52). https://hal.science/hal-03078423.

BESSAC, Jean-Claude. (2002). Les carrières du Bois des Lens (Gard). Gallia, 59, 29-51. DOI : 10.3406/galia.2002.3095.

Autres publications sur la Corderie

MELLINAND, Philippe & DELESTRE, Xavier. (2019). La carrière antique du boulevard de la Corderie à Marseille (Bouches-du-Rhône). Monumental2019-1, 28-29.

MELLINAND, Philippe. (2018). La carrière antique du boulevard de la Corderie. Dossiers d’Archéologie, 389, 28-29.

MELLINAND, Philippe. (2018). Les grecs ont laissé une carrière à Marseille », Archéologia, Hors-série 23, 54-57.

Citations

L'ensemble

MELLINAND, Philippe (dir.), CASTRUCCI, Colette, CHEVILLOT, Pascale, FRANGIN, Elsa, GANTÈS, Lucien-François, MICHAUDEL, Benjamin, PAONE, Françoise, SAGETAT-BASSEUIL, Elsa, SCHERRER, Nadine, SILLANO, Bernard, VACCA-GOUTOULLI, Mireillei, VILLENEUVE, Michel, VOYEZ, Christophe et coll. (2023).  Boulevard de la Corderie (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône, Marseille) : rapport de fouille 2019 (2 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 35). <https://doi.org/10.34692/e5cr-rs02>.

Le volume 1

MELLINAND, Philippe (dir.), CASTRUCCI, Colette, CHEVILLOT, Pascale, FRANGIN, Elsa, GANTÈS, Lucien-François, MICHAUDEL, Benjamin, PAONE, Françoise, SAGETAT-BASSEUIL, Elsa, SCHERRER, Nadine, SILLANO, Bernard, VACCA-GOUTOULLI, Mireillei, VILLENEUVE, Michel, VOYEZ, Christophe et coll. (2023).  Boulevard de la Corderie (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône, Marseille) : rapport de fouille 2019. Vol. 1, Données administratives et résultats. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 35). <https://doi.org/10.34692/e5cr-rs02>.

Le volume 2

MELLINAND, Philippe (dir.), CASTRUCCI, Colette, CHEVILLOT, Pascale, FRANGIN, Elsa, GANTÈS, Lucien-François, MICHAUDEL, Benjamin, PAONE, Françoise, SAGETAT-BASSEUIL, Elsa, SCHERRER, Nadine, SILLANO, Bernard, VACCA-GOUTOULLI, Mireillei, VILLENEUVE, Michel, VOYEZ, Christophe et coll. (2023).  Boulevard de la Corderie (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône, Marseille) : rapport de fouille 2019. Vol. 2, Inventaires techniques. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 35). <https://doi.org/10.34692/e5cr-rs02>.

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Boulevard de la Corderie à Marseille (Bouches-du-Rhône)
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Productions céramiques et activités métallurgiques au Ier et IIe siècles de notre ère dans l'agglomération antique de Saint-Valérien (Bourgogne, Yonne, Saint-Valérien, rue du Gâtinais)

Sous-titre

Rapport de fouille 2014

Numéro DAP
32
Image d'entête
DAP 32 | Saint-Valérien « Rue du Gâtinais » (Yonne)
Média
DAP 32 | Saint-Valérien « Rue du Gâtinais » (Yonne)
date expertise
décembre 2015
date achevement
juin 2014
Paragraphes

L’agglomération antique de Saint-Valérien a bénéficié depuis 2009 d’un regain d’intérêt né à la faveur de plusieurs projets immobiliers qui ont donné lieu à la prescription de quatre opérations de fouille préventives dont l’intervention au nº 31 de la rue du Gâtinais constitue la dernière en date. Ce rapport de fouille clôturait ainsi un cycle d’investigations sur la localité qui nous a permis de proposer une synthèse renouvelée de l’état des connaissances archéologiques à l’époque romaine.

Depuis l’édition du rapport les connaissances acquises sous le régime de l’archéologie préventive ont été complétées par des recherches programmées avec la mise en œuvre en 2017 d’une prospection géophysique dans le cadre des actions du PCR AggloCenE (Venault, Nouvel et coll., 2017, p. 187-259) (fig. 1 et 2). Réalisée par la société Geocarta, cette campagne de détection a permis de lever le voile sur une zone de quinze hectares s’étendant au sud de la voie Orléans – Sens, dont le potentiel se percevait seulement d’après des photos aériennes, laissant deviner une trame viaire orthogonale et quelques bâtiments. Les anomalies révélées ont confirmé l’extension de l’agglomération vers le sud avec la mise en évidence de douze îlots urbanisés délimités par les voies. De plan rectangulaire, aux contours réguliers, ces îlots occupent des emprises de surface inégale dont la dimension relève du multiple du jugère : cinq, quatre ou trois jugères.

Fig. 1 : Plan des anomalies détectées par méthode magnétique (Géocarta).

Fig. 2 : Plan interprété des vestiges détectés par méthode magnétique (S. Venault, Inrap).

L’intérêt des résultats réside avant tout dans la découverte de douze temples qui font passer la localité antique de Saint-Valérien du statut d’agglomération artisanale de bord de voie à celui de complexe cultuel de vaste ampleur. Un des îlots délimite une aire sacrée de 78 x 92 m occupée par trois temples (fig. 3 nº 21, 58, 60) adoptant un plan à cella unique à galerie périphérique ouverte vers l’est par un porche. À l’ouest, des alignements de cellules de petites dimensions se développant potentiellement selon un plan en U (nº 57) pourraient être assimilées aux vestiges d’horrea susceptibles de contribuer à l’économie du sanctuaire. Au sud, un autre îlot accueille un édifice cultuel inscrit dans un rectangle de 55 x 13 m comportant 5 cellae allignées (no 64). À l’est, quatre autres temples à plan centré se répartissent deux à deux dans deux autres îlots (nº 3, 4, 62, 63).

Fig. 3 : Carte schématisée de l’occupation du site au Haut-Empire (cartographie d’après le protocole du PCR AggloCenE) (S. Venault, Inrap).

Les îlots gravitant autour des aires cultuelles ne présentent guère d’anomalies permettant d’isoler des structures à vocation domestique même s’il semble logique de leur attribuer des fonctions résidentielles. Seules des concentrations plus ou moins denses d’anomalies maculiformes évoquant des fosses pourraient trahir la présence d’habitation et des activités artisanales.

Outre l’apport de connaissances concernant le développement de l’agglomération antique, le grand intérêt de cette prospection a été cette découverte inattendue d’un ensemble cultuel de si grande envergure dans une localité située à seulement 15 km de Sens. Alors que les pratiques religieuses durant l’Antiquité étaient seulement illustrées sur la commune par une statuette en bronze de Mercure (Parruzot, 1959), une statue d’Epona issue d’un puits du Bas-Empire (Driard et Deyts, 2013) et une petite aire cultuelle mal caractérisée à l’est du Pré de la ville (nº 9) (Driard, 2010, p. 77-84), la découverte de ces 12 temples renouvelle totalement la perception que l’on pouvait avoir de cet habitat groupé de bord de voie. La présence d’une source apparaît à l’évidence comme un facteur déterminant à la fondation d’un sanctuaire autour duquel se serait développée l’agglomération. L’aménagement de cette source a nécessité des travaux de captage et de dérivation conséquents de manière à répondre aux besoins de l’agglomération, non seulement pour l’usage des temples, mais aussi pour celui d’un établissement thermal soupçonné en partie nord du site. En l’absence d’entretien des équipements hydrauliques, corollaire au déclin de l’habitat à l’Antiquité tardive, le ruisseau n’a pas tardé à reprendre son cours naturel, même si les résidents de l’époque ont essayé de s’adapter en drainant le bord du chenal avec des scories (Driard, 2010, p. 105). Si l’on en juge par les fouilles du Pré de la Ville (ibid.) et l’étendue la zone humide figurée sur la carte de l’état-major, ce retour à l’état hydrographique initial a sans nul doute signé la fin du fonctionnement du sanctuaire, qui était alors recouvert par les niveaux d’inondation.

Par son étendue dédiée aux pratiques cultuelles, estimée à près de 3 hectares, et ne serait-ce que par les dimensions de l’aire sacrée d’un des îlots qui, à elle seule, couvre 7000 m², Saint-Valérien s’impose comme un site religieux de premier ordre à l’échelle du territoire sénon, au même titre que les agglomérations de Chateaubleau/Riobé au nord, Triguères et Montbouy au sud, ou encore Sceaux-du-Gâtinais/Aquae Segetae à l’est. Toute tentative de hiérarchisation de l’activité religieuse d’un site fondée uniquement sur des critères surfaciques, en l’occurrence l’emprise estimée au sol des équipements associés à la pratique du culte, est un exercice qui prête le flanc à la critique, même si ce sont parfois les seules données dont dispose l’archéologue. De surcroît, il faut tenir compte, dans le cas présent, du caractère diachronique de l’information, la contemporanéité des édifices n’étant pas assurée, certains ayant pu disparaître dès l’époque romaine pour être remplacés par d’autres. On remarquera toutefois que les secteurs dédiés étaient suffisamment vastes pour que les temples se juxtaposent sans se superposer, ce qui tendrait à penser que l’aire cultuelle a fait l’objet d’un programme architectural planifié et conçu relativement tôt.

Aussi, compte tenu de ces réserves et en l’état des connaissances, on peut évaluer l’emprise consacrée aux usages publics et cultuels à 10% de la superficie supposée de l’agglomération (30 ha), voire 15 % si on intègre au calcul la surface occupée par les thermes. Un taux qui permet de comparer Saint-Valérien à la liste des agglomérations de rang 4, définie par Christian Cribellier dans le cadre du PCR relatif aux agglomérations secondaires antiques en région Centre-Val de Loire, c’est-à-dire celles qui « comportent des fonctions religieuses dominantes, signalées par une parure monumentale souvent disproportionnée par rapport à la taille générale de l’agglomération, et dont les fonctions économiques ne semblent pas très développées » (Cribellier, 2016, p. 57).

On constate ainsi que la voie Sens – Orléans est jalonnée de sanctuaires importants localisés à Saint-Valérien, Dordives, Sceaux-du-Gâtinais, Boiscommun-Chemault, la distance séparant chacun des sites depuis Sens étant de 15, 24, 12 et 22 kilomètres, soit une journée, à une demi-journée de marche. Effet de source ou réalité archéologique, les agglomérations connues placées sur cet axe, excepté Ingrannes/Fines et Beaune-la-Rolande, sont toutes dotées d’équipements cultuels disproportionnés par rapport au reste de l’habitat.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation de l’opération

1.1. Cadre de l’intervention
1.2. Contexte topographique, géologique et hydrographique
1.3. État des connaissances sur le site
1.4. Méthodologie et déroulement de l’intervention

2. Résultats

2.1. État de conservation des vestiges et critères de datation
2.2. La voirie
2.3. Artisanat de la terre cuite : une production de vases à usage culinaire
2.4. Artisanat du métal
2.5. Autres témoins de l’occupation
2.6. Analyses anthracologiques
2.7. Synthèse sur l’organisation du site et évocation architecturale du bâti bordant les rues
2.8. Conclusion

3. Bibliographie

4. Table des illustrations

Annexe – Répartition des déchets métallurgiques par structure

Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

VENAULT, Stéphane (dir.). (2014). Productions céramiques et activités métallurgiques au Ier et IIe siècles de notre ère dans l'agglomération antique de Saint-Valérien : Saint-Valérien, rue du Gâtinais (Rapport de fouilles, 1 vol.). Dijon : Inrap Grand-Est-Sud. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0132327>.

Rapport de diagnostic

VINCENT, Ghislain (dir.). (2011). Saint-Valérien, rue du Gâtinais 1 (Yonne) : atelier de potiers antique à Saint-Valérien (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Dijon : Inrap Grand-Est-Sud. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0121427>.

Publications et rapports cités dans l'introduction

CRIBELLIER, Christian. (2016). Agglomérations secondaires antiques en région Centre – Val de Loire (63e suppl. à la Revue archéologique du Centre de la France). Tours : FERACF.

DRIARD, Cyril. dir. (2010). Saint-Valérien (89), Le Pré de la Ville, rue du Chemin de César (Rapport de fouille, 3 vol.). Limoges : Eveha.

DRIARD, Cyril & DEYTS, Simone. (2013). Une statue d’Epona en tôle de bronze sur modèle en bois à Saint-Valérien (Yonne). Revue archéologique de l'Est, 62, 435-442. <http://journals.openedition.org/rae/7641>.

PARRUZOT, Pierre. (1959 ). Un nouveau Mercure découvert dans le Sénonais. Revue archéologique de l'Est, 11 (1), 29-32.

VENAULT, Stéphane, NOUVEL, Pierre (dir.), BILLOIN, David, CARD, Christophe, JAL, Morgane, MOUTON-VENAULT, Sylvie, SAGESSE, Adrien & VURPILLOT, Damien. (2017). Projet collectif de recherche, AggloCenE, Agglomérations antiques du Centre Est de la Gaule, inventaire archéologique, cartographie et analyses spatiales (Rapport d’activité 2017). Besançon : UMR Chrono-environnement. <https://agglocene.huma-num.fr/>.

Citations

VENAULT, Stéphane (dir.), AHÜ-DELOR, Anne, BELLAVIA, Valentina & CABBOÏ, Sandra (2022). Productions céramiques et activités métallurgiques au Ier et IIe siècles de notre ère dans l'agglomération antique de Saint-Valérien (Bourgogne, Yonne, Saint-Valérien, rue du Gâtinais) : Rapport de fouille 2014 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 32). <https://doi.org/10.34692/9nfp-q050>

Auteur(s) / direction
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Type
Text

Les vestiges antiques de l’avenue du général de Gaulle (Basse Normandie, Calvados, Port-en-Bessin-Huppain)

Sous-titre

Rapport de fouille 2015

Numéro DAP
27
Image d'entête
DAP 27 | Port-en-Bessin-Huppain « Avenue du général de Gaulle » (Calvados)
Média
DAP 27 | Port-en-Bessin-Huppain « Avenue du général de Gaulle » (Calvados)
date expertise
décembre 2015
date achevement
juin 2015
Paragraphes

Une fouille a été réalisée en juin 2013 sur 4215 m² en rive gauche du fond d’estran, près du cimetière et de l’ancienne église disparue de Port-en-Bessin (Calvados), sur des terrains destinés à la construction de logements par la société Parthélios Habitat. Les vestiges découverts se développent au-delà de l’emprise décapée. La première implantation est matérialisée par deux angles de fossés du côté ouest de l’emprise. Faute de mobilier dans les comblements, ces aménagements sont placés avant le début de l’Antiquité par le biais de la stratigraphie.

Au Ier s. av. J.-C. et jusqu'au début du Ier s. ap. J.-C., une occupation antique pérenne et structurée, délimitée par un imposant fossé, voit la mise en place d’un bâtiment maçonné à contreforts et d’un mur de clôture. Entre le Ier s. et le début du IIIe s. ap. J.-C. s’ouvre la principale phase de développement et de fonctionnement du site, qui se décompose en trois séquences qui demeurent encore difficiles à dater précisément.

Dans la séquence 1, les éléments de la phase précédente sont maintenus et complété par de nouveaux fossés et par un appentis adossé contre la face extérieure du mur de clôture. La seconde séquence voit la disparition du bâtiment à contreforts au profit d’un édifice rectangulaire à exèdre possédant un foyer en son centre. À cette occasion, le passage dans le mur d’enceinte est réduit et la limite de propriété vient presque s’accoler au bâtiment. La dernière séquence est marquée par une ultime modification des architectures maçonnées, avec le remplacement de l’édifice précédant par une nouvelle construction plus exiguë, au nord-ouest du passage dans le mur d’enceinte, et la remise en service du premier fossé. Un bâtiment à ossature de bois prend place dans la bande de terrain récupérée entre le mur d’enceinte et le fossé. Entre le IIIe et le IVe s. ap. J.-C. l’abandon et le démantèlement du site sont effectifs et cette phase n’est marquée que par des pertes monétaires autour des bâtiments désaffectés.

Enfin, de la fin de l’Antiquité jusqu’à nos jours on signalera les traces d’ornières correspondant à un possible chemin conduisant à l’église (?), antérieur à la pose d’un câble électrique, datant peut-être de la Seconde Guerre mondiale.

Cette première opération archéologique préventive, conduite dans le périmètre de signalement de vestiges antiques situés la rive gauche de l’estran, a ouvert une fenêtre extrêmement instructive sur la nature, la qualité et la chronologie des aménagements conservés. Elle fut également l’occasion de rouvrir le débat sur le possible exutoire maritime du chef-lieu de cité antique, l’hypothèse d’une agglomération portuaire, le caractère stratégique qui en découle, etc., en repartant de la documentation disponible et en dépassant le contexte restrictif de la plaine fermée de Commes/Port-en-Bessin. Sur cette question, le travail d’analyse du réseau ancien conduit dans le cadre du PCR Arbano, a démontré en 2015 (Allinne et Léon, 2015, p. 332‑333) que la relation terrestre de Bayeux – Augustodurum, chef-lieu de cité des Baïocasses – à Port-en-Bessin – « portus » principal désigné par l’historiographie – ne s’établissait pas de manière aussi directe et flagrante que l’on pourrait l’attendre dans un tel cas de figure.

Ainsi, en 2014, lors de la rédaction du rapport, les données relatives à la relation au littoral ou plus largement au domaine maritime (commerce et exploitation) par l’intermédiaire du mobilier apparaissaient limitées et peu explicites. Les quelques pièces de l’instrumentum qui évoquaient des activités de pêche (poids, harpon…) ne constituaient pas un corpus suffisamment étoffé pour l’envisager dans le cadre d’une exploitation à grande échelle et à des fins d’exportation. Les quantités et le panel de coquillage rejetés n’étaient pas davantage démonstratifs. Pour une part collectée sur le littoral (moule, coques, Saint-Jacques, bulots, patelles) et pour une autre sans doute importée (huîtres), ils traduisent avant tout des produits consommés sur place. Toutefois, la présence d’un grand clou en bronze à tête prismatique , Type Feugère D2 (Feugère, 2004, p. 205) dans les couches en relation avec le bâtiment à contrefort, exemplaire caractéristique de la charpenterie navale au regard des comparaisons disponibles [1] mais insuffisamment pris en compte à l’époque, évoque franchement l’existence d’un chantier de construction de navire autour du site.

Enfin, si l’existence d’un bâtiment à contreforts orientait vers la fonction de stockage et par extension vers l’éventualité d’un entrepôt en relation avec une activité portuaire au sein d’une agglomération, la faible densité de la dotation architecturale et le périmètre fort peu étendu des découvertes anciennes (à peine 3 ha autour de l’ancienne église, site actuel compris) ajoutés à l’absence d’un mobilier caractéristique, ne militaient pas pour une telle activité ou pour une configuration d’habitat aggloméré. Cette analyse est aujourd’hui fortement à nuancer. L’hypothèse que Port-en-Bessin puisse être un port actif à l’époque romaine peut s’envisager dans le cadre plus large et non exclusif de la seule relation au chef-lieu, par exemple celui de l’exploitation artisanale des ressources marines, de la pêche vivrière ou de la redistribution de produits par cabotage tout le long du littoral de la Baie de Seine. La présence de telles activités est désormais attestée sur le site voisin de Commes où les pourpres Nucella Lapillus servent à fabriquer des teintures (Allinne et al., 2021 ; Allinne, 2021). On trouve également sur ce site un bâtiment à contreforts (Allinne, 2019). Le PCR « Face à la Mer », engagé en 2019, intègre ces perspectives de recherches et le site de Port-en-Bessin fait partie des principaux acteurs de cette relecture (Paez-Rezende dans Léon et al., 2021, p. 51‑53).

1

Comparable à des exemplaires sortis du Rhône et présentés au musée départemental de Arles Antique, ou à celui de Martigues, Les Laurons.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation de l’opération

1.1. Situation géographique et cadre de l’intervention
1.2. Rappel des résultats du diagnostic
1.3. Problématique et objectifs de l’intervention
1.4. Déroulement de l’intervention et méthodologie
1.5. Bilan technique et opérationnel

2. Présentation générale du site et de son environnement

2.1. Le site dans son contexte naturel
2.2. Les données archéologiques couvrant la période gallo-romaine

3. Analyse descriptive et fonctionnelle des vestiges

3.1. État de conservation des vestiges et stratigraphie
3.2. Les réseau de fossés
3.3. Les architectures
3.4. Les vestiges d’accompagnement de l’habitat et des activités
3.5. Les traces d’une voirie
3.6. Un vestige contemporain

4. Les études

4.1. La céramique antique
4.2. L’instrumentum
4.3. Le numéraire
4.4. Le verre
4.5. Rapport d’inventaire de la faune
4.6. Un vestige contemporain

5. L’organisation des vestiges par phases

5.1. Les vestiges non phasés et les vestiges présumés gallo-romains au sens large
5.2. Les vestiges antérieurs au début de l’Antiquité (phase 1)
5.3. L’implantation d’une occupation antique structurée (phase 2 : Ier s. av. J.-C. – début du Ier s. ap.
J.-C.)
5.4. La phase principale de développement et de fonctionnement (phase 3 : Ier s. – début du IIIe s. ap. J.-C.)
5.5. L’abandon et le démantèlement ? (phase 4 : IIIe – IVe s. ap. J.-C.)
5.6. Les traces post-antiques (phase 5)

6. Éléments de synthèse

6.1. Un point sur l’organisation du site et sur l’architecture
6.2. Discussion autour de la qualification du site
6.3. Situation de Port-en-Bessin dans le réseau de circulation ancien

Bibliographie et documents

Liste des figures

III. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

PAEZ-REZENDE, Laurent (dir.). (2015). Port-en-Bessin, Calvados, Les vestiges antiques de l’avenue du Général de Gaulle (Rapport de fouille, 1 vol.). Cesson-Sévigné : Inrap Grand-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0137360>.

Rapport de diagnostic

CARPENTIER, Vincent (dir.). (2013). Port-en-Bessin, Calvados, Vestiges d’un vicus portuaire antique, avenue du Général de Gaulle (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Cesson-Sévigné : Inrap Grand-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0127424>.

Rapports d'activités cités dans l'introduction

LÉON, Gaël, FLOTTÉ, David, GHESQUIÈRE, Emmanuel, LEPAUMIER, Hubert, MARCIGNY, Cyril, PAEZ-REZENDE, Laurent, ROPARS, Anne & THEVENET, Corinne. (2021). FALM - Face à la Mer : Projet Collectif de Recherche (Rapport d'activité 2019-2020). Bourguébus : Inrap Grand-Ouest. 150 p.

ALLINNE, Cécile & LÉON, Gaël. (2015). Arbano, L’Antiquité en Basse-Normandie : Projet collectif de recherche (Rapport d'activité 2015, 5e année). Caen : Groupe Antiquité. 497 p.

Publications citées dans l'introduction

ALLINNE, Cécile. (2021). Commes – Le Dessous des Cotis. Programme d’analyses (2018). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/74678>.

ALLINNE, Cécile, QUÉVILLON, Sophie, THIERRY, Marc-Antoine, DUPONT, Catherine, RUPIN, Gwendoline & GUIHARD, Pierre-Marie. (2021). Commes – Le Bourg. Programme d’analyses (2017). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/72728>.

ALLINNE, Cécile. (2019). Commes – Lotissement « Le Dessous des Cotis ». Fouille programmée (2015). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/24122>.

FEUGÈRE, Michel. (2004). Annexe [Les nécropoles de Vernègues (B.-du-Rh.). Deux ensembles funéraires du Haut-Empire à la périphérie d'une agglomération secondaire]. Pour une typologie de la clouterie antique. Revue archéologique de Narbonnaise, 37 (1), 205‑209. <https://www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_2004_num_37_1_1694>.

Citations

PAEZ-REZENDE, Laurent (dir.), BARTHÉLÉMY, Céline, CHANSON, Karine, GUIHARD, Pierre-Marie, LÉON, Gaël, MARIE, Amélie, PALLUAU, Jean-Marc, VIPARD, Laurent & WARDIUS, Christophe. (2022). Les vestiges antiques de l’avenue du général de Gaulle (Basse Normandie, Calvados, Port-en-Bessin-Huppain)  : Rapport de fouille 2015 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 27). <https://doi.org/10.34692/0p6b-x698>.

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CTRA
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Chronique de site
Avenue du Général de Gaulle à Port-en-Bessin-Huppain (Calvados)
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Apport du tamisage exhaustif de cinq structures funéraires au processus de crémation des Ménapiens (Nord-Pas-de-Calais, Nord, Neuville-en-Ferrain, ZAC du Berquier)

Sous-titre

Rapport d'étude 2014

Numéro DAP
26
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DAP 26 | Neuville-en-Ferrain « ZAC du Berquier » (Nord)
Média
DAP 26 | Neuville-en-Ferrain « ZAC du Berquier » (Nord)
date expertise
avril 2015
date achevement
décembre 2014
Paragraphes

La commune de Neuville-en-Ferrain se situe dans le département du Nord, en bordure communale de Tourcoing, à 15 km au nord-ouest de Lille.
En 2004, une opération de diagnostic, menée sous la responsabilité d’Alain Henton en association avec Frédéric Thuillier, a livré trois occupations : la plus récente concerne les XVIe et XVIIe siècles, les deux plus anciennes couvrent la fin de l’âge du Fer et le début de l’époque romaine.
C’est l’occupation funéraire attribuée au Ier siècle ou au début du IIe siècle de notre ère, qui fait l’objet de ce rapport d’étude. Elle se compose d’au moins cinq structures funéraires éparses sur les seize hectares que couvrent l’emprise de l’opération. Les indices disponibles sur le terrain n’incitaient guère à les assimiler à des tombes à dépôt de crémation, de sorte que plusieurs autres caractérisations typo-fonctionnelles ont été envisagées : un bûcher remanié partiellement vidé ou bien une fosse ayant réceptionné les restes d’une combustion humaine.
Au début des années 2000, nos connaissances de la crémation ancienne et son cadre théorique offraient déjà suffisamment d’outils pour améliorer la détection de ces structures archéologiques (Van Doorelaer, 2001 ; Castella et al., 1987). En même temps, les cas de figures se multipliant, on prenait conscience de la diversité insoupçonnée de leurs configurations et de la pertinence d’un renouveau des approches typologiques. Le besoin d’élargir l’éventail des indices nécessaires à leur détermination s’est imposé comme une évidence de sorte que les exercices de caractérisation dans ce domaine se sont multipliés (par ex. Bel, Duday et Blaizot, 2008 ; Ancel, 2012 ; Kaurin et al., 2017, Dananai, 2019).
La découverte de ces cinq structures funéraires fut alors considérée, par le Service régional de l’archéologie (SRA), comme l’apport principal de l’opération de diagnostic. L’équipe de fouille avait en effet procédé au prélèvement des niveaux charbonneux de manière exhaustive et spatialisée, un choix méthodologique encore peu courant au début des années 2000. Testées dans la région Haut-de-France, dès 1997 à Bruay-La Buissière, cette stratégie de fouille invite à l’intégration connexe des restes du combustible et des reliquats de mobilier brûlés dans l’analyse des processus de crémation. S’y ajoute l’approche spatiale de ces vestiges (Bura, 2001).
Le SRA, sur proposition de Frédéric Thuiller, a souhaité engager le tamisage de l’intégralité des niveaux charbonneux (345 litres) couplée aux études ostéologique et anthracologique. En plus d’une approche du processus crématoire chez les Ménapiens, les objectifs de la prescription post-diagnostic étaient d’interroger la distribution particulière de ces structures dans le finage, isolées ou regroupées par petits lots et éloignées des sépultures.

Du recueil d’indices à la typologie fonctionnelle des structures funéraires
L’enjeu de cette étude post-diagnostic est donc d’abord d’ordre typologique et fonctionnel. À quel type de structure avons-nous affaire ? Quelle étape du processus funéraire documentent-elles ?
Une des structures, de petites dimensions (50 cm sur 40), pourrait correspondre au réceptacle de certains restes du bûcher, accompagné du dépôt d’un tesson de vase recouvrant une dizaine de grammes d’os brûlés. Ce geste, maintenant régulièrement observé sur de nombreux sites, pourrait signer la ritualisation de l’ensevelissement de ces mêmes restes.
Pour la plupart des autres structures, les arguments vont en faveur de l’hypothèse de bûchers en fosse, aménagés et construits pour des sujets adultes ou sub-adultes, peu pourvus en mobilier personnel ou d’accompagnement. Plutôt rectangulaires, elles atteignent 125 à 160 cm de long. Deux d’entre elles comportent des traces d’altération thermiques en place.
Les fosses d’implantation sont dotées d’aménagements internes comme en témoignent des emmarchements, la présence d’excroissance (niche) à une des extrémités de la fosse ou le surcreusement du fond, caractéristiques courantes des bûchers élaborés en territoire ménapien (Devred dans Faupin, 2017 ; Oudry-Braillon et Faupin, 2017 ; Duviviers et al., 2015). Leur fonctionnement se caractérise par l’extraction d’une part importante des os - il reste au plus 250 g en place - et le mélange des différents segments du squelette. Le niveau charbonneux, correspondant aux restes d’un édicule en bois de hêtre, tapisse le fond de la fosse. Peu de remaniements sont identifiés (amasser le combustible dans un secteur du bûcher, nettoyer le fond de fosse …). Par-dessus, est présent, par trois fois, un amas ou une couche de limon chauffé (pouvant éventuellement correspondre à des fragments de parois ?). À ce niveau, se trouve également le dépôt d’un gobelet ou de portions groupées de pots brûlés, suggérant des gestes spécifiques effectués après le recueil des os, élaborés peut-être pour clore l’usage du lieu de crémation. Il pourrait s’agir d’éléments rituels mis en œuvre en parallèle de l’installation des restes d’un défunt dans un autre lieu, qui deviendra la sépulture.

De la typologie des structures à la fonction de l’espace funéraire
Si l’absence de fouille et l’ouverture partielle du site (9,5 %) ne sont guère favorables à une étude spatiale développée, quelques données s’avèrent tout de même utilisables. Les fenêtres ouvertes montrent en effet des activités funéraires orientées vers la crémation et le traitement des restes du bûcher plutôt que des activités sépulcrales. L’organisation en deux pôles pourrait suggérer une implantation éclatée des bûchers dans le paysage. Cette distance pourrait signer une perception particulière du cadavre, présentée dans les textes anciens comme une « source de souillure » et, de ce fait, motiver la mise à l’écart de ces lieux de transformation du mort (Le Goff, 2015).
Cette opération et ses choix méthodologiques s’inscrivent pleinement dans l’axe 7 de la programmation du CNRA, en particulier dans la réflexion apportée à l’interprétation des différents vestiges d’activités funéraires et mortuaires. Elle développe une archéologie du rite et plus largement des temps funéraires qui interrogent la relation entre la mort, le mort et les vivants.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Attendus de l’étude des prélèvements et stratégies

1.1. L’occupation funéraire antique : contexte de découverte et caractéristiques
générales
1.2. Les attendus de l’étude des prélèvements
1.3. Fouille in situ et tamisage des niveaux charbonneux : deux aspects articulés du
protocole d’étude

2. Analyse des cinq structures et de leur contenu

2.1. La structure 1
2.2. La structure 2
2.3. La structure 3
2.4. La structure 4
2.5. La structure 5

3. Synthèse

3.1. Attribution chronologique des structures
3.2. Indices et typologie des structures funéraires
3.3. De la typologie des structures à la fonction de l’espace funéraire

Sources et bibliographie

III. Inventaires relatifs à l’étude

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

LE GOFF, Isabelle (dir.). (2014). Neuville-en-Ferrain, ZAC du Berquier : apport du tamisage exhaustif de cinq structures funéraires au processus de crémation des Ménapiens (Rapport d'étude, 1 vol.). Amiens : Inrap Nord-Picardie. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0135200>.

Rapport de diagnostic

HENTON, Alain. (2004). Neuville-en-Ferrain, ZAC du Berquier (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Amiens : Inrap Nord-Picardie. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0129755>.

Autre rapport cité dans l'introduction

DEVRED, V. (2017). Rituel funéraire lié à la crémation. Dans  G. Faupin (dir.), Steene, Rue des Châteaux, l’opportunité d’appréhender l’évolution d’un terroir (Rapport de fouille, 5 vol.). Glisy : Inrap Hauts-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0148908>.

Publications citées dans l'introduction

ANCEL, M-J. (2012). Pratiques et espaces funéraires : la crémation dans les campagnes romaines de la Gaule Belgique. Drémil-Lafage : Monique Mergoil, 650 p.

BEL, V., DUDAY, H. & BLAIZOT, F. (2008). Bûchers en fosses et tombes bûcher. Dans J. Scheid (dir.), Pour une archéologie du rite : nouvelles perspectives en l’archéologie funéraire, Rome (p. 233-247). Rome : École française de Rome.

BURA, P. (2001). Autopsie d'une tombe-bûcher: les exemples de Thérouanne et de Bruay-La-Buissière. Dans J.-F. Geoffroy et H. Barbe (dir.), Les nécropoles à incinérations en Gaule Belgique : synthèses régionales et méthodologie : Actes du XIXe Colloque international du Centre de recherches archéologiques de l'Université Charles-de-Gaulle-Lille 3, 13-14 déc. 1996 (p. 167-176). Villeneuve d'Ascq : Revue du Nord.

CASTELLA, D. (1997). La nécropole du Port d’Avenches. Lausanne : Institut d’archéologie et d’histoire ancienne, 200 p. (Cahiers d’archéologie romande, 41, Aventicum 4).

DANANAI, A. (2019). Entre cendres et offrandes : les pratiques funéraires en territoire atrébate de la fin du 1er s. av. J.-C. au début du IIIe s. ap. J.-C. (hors série). Villeneuve d'Ascq : Revue du Nord, 529 p.

DUVIVIER, H., LEMÉE, E., FLORENT, G. et al. (2015). Les pratiques funéraires et leur évolution du Ier s. av. J.-C. au IIIe s. ap. J.-C. sur le site de Bierne-Socx, « ZAC du Bierendyck et de la Croix-Rouge » (Nord). Revue du Nord, 5, 139-251.

KAURIN, J., MARION, S. & VIDAL, P. (2017). La classification des structures funéraires liées à la pratique de la crémation : l’exemple de la nécropole de Rosières-aux-Salines (54). Dans S. De Larminat, R. Corbineau, A. Corrochano, Y. Gleize et J. Soulat (dir.), Nouvelles approches de l’archéologie funéraire : Actes de la 6e rencontre du Gaaf, 4-5 avril 2014, Paris (p. 37-46). Reugny : Gaaf.

LE GOFF, I. (2015). La crémation et ses traces : impacts sur les paysages funéraires antiques et aujourd’hui. Dans M. Gaultier, A. Dietrich et A. Corrochano (dir.), Rencontres autour des paysages du cimetière médiéval et moderne : Actes du Colloque, 5-6 avril 2013, Prieuré Saint-Cosme (La Riche) (p. 227-240). Tours : Gaaf/FERACF.

OUDRY-BRAILLON, S. & FAUPIN, G. (2017). Espaces et gestes funéraires en bordure du territoire ménapien. Dans F.  Hanut (dir.), Du bûcher à la tombe. Diversité et évolution des pratiques funéraires dans les nécropoles à crémation de la périodes gallo-romaine en Gaule septentrionales : Actes du colloque, 7-18 nov. 2014, Arlon (p. 131-140). Namur : Service public de Wallonie, études et documents archéologie.

VAN DOORSELAER, A. (2001). Les tombes à incinération à l’époque gallo-romaine en Gaule septentrionale : introduction générale. Dans J.-F. Geoffroy et H. Barbe (dir.), Les nécropoles à incinérations en Gaule Belgique : synthèses régionales et méthodologie : Actes du XIXe Colloque international du Centre de recherches archéologiques de l'Université Charles-de-Gaulle-Lille 3, 13-14 déc. 1996 (p. 09-16). Villeneuve d'Ascq : Revue du Nord.

Citations

LE GOFF, Isabelle (dir.), LAPERLE, Gilles, THUILLIER, Freddy, CLOTUCHE, Raphaël (coll.), COUBRAY, Sylvie (coll.), HENTON, Alain (coll.) & WILLEMS, Sonja (coll.). (2022). Apport du tamisage exhaustif de cinq structures funéraires au processus de crémation des Ménapiens (Nord-Pas-de-Calais, Nord, Neuville-en-Ferrain, ZAC du Berquier)  : Rapport d'étude 2014 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 26). <https://doi.org/10.34692/2hw7-4m29>.

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Puygarreau-Sud et Les Jardins du Puygarreau : nouveaux éléments pour la connaissance de la genèse du quartier (Poitou-Charentes, Vienne, Poitiers)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2014

Numéro DAP
23
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DAP 23 | Poitiers « Puygarreau-Sud » / « Les Jardins du Puygarreau » (Vienne)
Média
DAP 23 | Poitiers « Puygarreau-Sud » / « Les Jardins du Puygarreau » (Vienne)
date expertise
septembre 2015
date achevement
novembre 2014
Paragraphes

Il n’est pas commun qu’une opération d’archéologie urbaine apporte une masse d’informations aussi exceptionnelle que celle des fouilles réalisées à Poitiers, rue du Puygarreau, en 2012. Couplée aux connaissances issues des fouilles poitevines antérieures, ou bien encore des surveillances de travaux réalisées entre 2010 et 2018[1], elles ont permis de faire un bond en avant dans la compréhension de la morphogénèse de la ville, des origines jusqu’à l’époque Moderne.

Pour le Haut-Empire, les principaux apports concernant l’urbanisation de cette partie de la cité dans les deux premières décennies de notre ère, son développement au milieu du Ier siècle, et l’architecture des domus situées entre le cœur monumental et le reste de la ville, ont été abordés dans le cadre d’une synthèse sur la monumentalisation de Limonum parue en 2016.

Pour l’Antiquité Tardive, même si les fouilles n’ont pas apporté de datations absolues quant à la construction de l’enceinte, elles ont permis de mettre en évidence que celle-ci intervient probablement entre la fin du IIIe siècle et les premières décennies du IVe siècle. Par ailleurs, la mise en évidence de l’existence d’un agger, c’est-à-dire d’un talus en appui contre le rempart, formant un glacis qui restera inconstructible jusqu’au XIIIe siècle, a permis une relecture complète du cadastre napoléonien sur le reste de la cité. Ce talus a joué un rôle essentiel dans la structuration des voiries et du parcellaire dans toute la partie occidentale et septentrionale de la ville. Du côté oriental, la localisation de l’abbaye Sainte-Croix, fondée au VIe siècle par la reine Radegonde, y fait également écho.

Le Moyen Âge, concerné jusqu’alors par peu d’interventions archéologiques sur Poitiers, n’est pas en reste, et la mise en lumière de la manière dont l’habitat gagne peu à peu sur l’ancien glacis interne à partir des XIe et surtout XIIe et XIIIe siècles, permet d’appréhender différemment les nouveaux projets d’aménagements situés dans le même type de contexte.

Le site qui se trouve dans des zones de jardins pour les périodes moderne et contemporaine, n’a aujourd’hui pas changé de fonction, puisqu’il a été aménagé en jardin public, après que les vestiges lapidaires jugés en trop mauvais état pour être exposés, aient été enterrés in situ.

Le travail de synthèse réalisé dans le cadre de la conception de ce rapport de fouille a conduit à la rédaction, en 2014, d’un petit fascicule à destination du public dans la collection Mémoire de fouilles de l’Inrap, et à la réalisation du WebMag Quand Poitiers s’appelait Limonum.

Cette opération a été également à l’origine du développement, entre 2015 et 2018, de l’application de réalité augmentée 3D Poitiers Évolution[2] qui offre des restitutions 3D sur 360°, de l’Antiquité à la période Moderne, agrémentée de commentaires et de vidéos explicatives. À ce jour, cinq points d’observation ont été développés : deux sur le secteur de la mairie (Puygarreau) et trois sur le secteur de l’amphithéâtre (rue de Magenta et rue Bourcani) ; il est probable que le projet sera amené à être poursuivi.

Enfin, la découverte d’une fondation quadrangulaire sur un niveau de trottoir antique, avait abouti à une recherche sur les autels de carrefour en Gaule romaine, qui, comme annoncé dans le rapport, a été publiée en 2016.

1

Celles du réaménagement du centre-ville « Cœur d’agglo » de 2010 à 2012, ou de la mise en place du Bus à Haut Niveau de Service BHNS rebaptisé MRTP (Modernisation du Réseau de Transport Public) entre 2015 et 2018.

2

Application gratuite pour mobiles et tablettes développée par la société Art Graphique & Patrimoine, pour le compte de la Ville de Poitiers, en partenariat avec le service régional de l’archéologie de Nouvelle-Aquitaine (site de Poitiers) et l’Inrap.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Introduction

1.1. Circonstances de l’intervention
1.2. État des connaissances avant l’opération
1.3. Stratégies et méthodes mises en œuvre
1.4. Communication et valorisation
1.5. Un savoir faire reconnu : les stagiaires de l’ARCCH

2. Les résultats de la fouille

2.1. Avant-propos
2.2. Aux origines du site
2.3. Une rue « monumentalisée »
2.4. Le Bas Empire : une révolution urbaine
2.5. Les périodes Médiévale et Moderne : une réurbanisation progressive
2.6. Les périodes Contemporaine et Actuelle

3. Conclusion

Bibliographie

III. Études spécialisées

1. Le mobilier céramique antique : première approche

1.1. Le second âge du Fer
1.2. La période romaine

2. La céramique médiévale et moderne

2.1. Des indices résiduels du VIe siècle ?
2.2. La céramique du Xe au XIIIe siècles
2.3. Les céramiques des XIIIe-XVIIe siècles
2.4. Du XVIIIe au XIXe siècle

3. Numismatique

1.1. Jardin du Puygarreau
1.2. Puygarreau-Sud (2012-5506)

4. Remarques sur les mobiliers en fer, en alliage cuivreux et en matières dures animales

4.1. Période romaine
4.2. Période médiévale

5. La verrerie

5.1. Introduction
5.2. Le verre antique
5.3. Le verre médiéval
5.4. Conclusion

6. Étude archéozoologique

6.1. Présentation
6.2. Méthodologie mise en œuvre
6.3. L’occupation antique
6.4. L’occupation médiévale
6.5. L’occupation moderne
6.6. Conclusion

Table des illustrations

IV. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

GERBER, Frédéric (dir.), BAUDRY, Anna, BERTRAND, Isabelle, BRUNET-GASTON, Véronique, GUITTON, David, SIMON, Laure & VÉQUAUD, Brigitte. (2014). Poitiers (86), "Puygarreau-Sud" et "Les Jardins du Puygarreau" - Nouveau éléments pour la connaissance de la genèse du quartier (Rapport de fouille, 1 vol.). Bègles : Inrap Grand Sud-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0137420>.

Rapport de diagnostic

JÉGOUZO, Anne (dir.), LAVOIX, Gaëlle & TORCHUT, Jean-Sébastien. (2011). Poitiers (86), rue Puygarreau - Eléments stratigraphiques pour l'implantation et l'évolution d'un îlot urbain (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Poitiers : Inrap Grand Sud-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0123191>.

Publications

GERBER, Frédéric (dir.) & HIERNARD, Jean. (2017). Le cadre monumental de Limonum : état de la question à l’aube du XXIe siècle. Dans A. Bouet (dir.), Monumental ! La monumentalisation des villes de l’Aquitaine et de l’Hispanie septentrionale durant le Haut-Empire : Actes du colloque Aquitania, Villeneuve-sur-Lot, 10-12 sept. 2015 (p. 453-477). Pessac : Fédération Aquitania Ausonius.

GERBER, Frédéric. (2016). Les Dieux sont au coin de la rue. Dans R. Bedon et H. Maveraud-Tardiveau (dir.), Présence des divinités et des cultes dans les villes et agglomérations secondaires de la Gaule Romaine et des régions voisines, du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère : Actes du colloque, Limoges, 16 et 17 oct. 2014 (p. 271-288). Limoges : Presses Universitaires de Limoges.

GERBER, Frédéric. (2014). Poitiers antique : 40 ans d'archéologie préventive. Poitiers : Ville de Poitiers, Paris : Inrap. (Mémoires de fouilles). Disponible en ligne sur <https://www.inrap.fr/poitiers-antique-40-ans-d-archeologie-preventive-10965> (consulté le 31 janvier 2022).

WebMag

Quand Poitiers s'appelait Limonum. Paris : Inrap. Disponible en ligne sur <https://www.inrap.fr/magazine/Quand-Poitiers-s-appelait-Limonum/> (consulté le 31 janvier 2022).

Citations

GERBER, Frédéric (dir.), BAUDRY, Anna, BERTRAND, Isabelle, BRUNET-GASTON, Véronique, GUITTON, David, SIMON, Laure, VEQUAUD, Brigitte et coll. (2022). Puygarreau-Sud et Les Jardins du Puygarreau : nouveaux éléments pour la connaissance de la genèse du quartier (Poitou-Charentes, Vienne, Poitiers) : rapport de fouille archéologique 2014 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 23). <https://doi.org/10.34692/xeja-n945>.

Auteur(s) / direction
Chronique de site
Les Jardins du Puygarreau à Poitiers (Vienne)
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Type
Text

Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2012

Numéro DAP
22
Image d'entête
DAP 22 | Nîmes « Mas de Vignoles IX » (Gard)
Média
DAP 22 | Nîmes « Mas de Vignoles IX » (Gard)
date expertise
mai 2015
date achevement
août 2012
Paragraphes

La fouille de Mas de Vignoles IX s’est déroulée en 2004 et portait essentiellement sur la fouille d’une occupation rurale protohistorique accolée à un tronçon de voie probablement contemporain. Dans les emprises à décaper, un peu plus de 3 hectares, le diagnostic avait également permis la détection de vestiges du Néolithique, moyen et final, et de l’Antiquité romaine. À cette époque, c’était la première fois qu’un décapage d’une certaine ampleur portait sur l’étude d’un établissement rural gaulois à distance de l’oppidum. Les questions qui se posaient étaient de savoir si ce type d’établissement avait été habité de façon pérenne, comment il était structuré et surtout quelles activités agricoles ou autres étaient pratiquées.

Pour répondre à cet ensemble de problématiques, plusieurs stratégies d’intervention ont été envisagées. La fouille des fossés, par exemple, a été menée de façon à enregistrer le mobilier par tronçon afin de pouvoir localiser avec précision les dépotoirs domestiques. Ainsi, l’ensemble des linéaires a été fouillé manuellement et l’ensemble des mobiliers a fait l’objet de cartes de répartition. Des zones de rejets préférentielles ont pu être mises en évidence en fonction des différentes phases d’occupation. L’étude de la céramique a montré que les assemblages étaient en tous points comparables à ceux des niveaux contemporains présents sur les oppida de la région et que certains vases (cratère attique découvert dans un puits) témoignaient d’une certaine richesse des occupants. La présence de nombreux fragments d’amphore en provenance de Marseille mais également de Grande Grèce et d’Etrurie renforce cette hypothèse et laisse envisager qu’une partie des productions de l’établissement servait de contrepartie à ces échanges. L’étude des restes fauniques réalisée par Vianney Forest a montré également un niveau de consommation de viande tout à fait dans les moyennes régionales avec toutefois un particularisme concernant la viande d’équidé. Ce constat a pu être confirmé sur une autre fouille au Mas Vigier (resp. Antoine Ratsimba) et a suggéré que cette consommation de viande était probablement liée à un accès plus facile à cet animal ; nous avons proposé qu’un part de l’élevage des chevaux pouvait se faire dans ces établissements localisés en plaine.

Les puits ont également fait l’objet d’une attention soutenue. Pour cette période, les puits ne sont pas cuvelés et sont creusés directement dans un substrat limoneux qui sape assez rapidement au contact de l’eau. En fin d’opération, ils ont tous fait l’objet d’une intervention mécanisée à l’aide d’une pelle mécanique pour être certain de prélever dans les premiers niveaux d’utilisation. Certains de ces puits ont livré des restes végétaux fossiles prouvant que la nappe phréatique n’était pas descendue en dessous d’un certain seuil. D’autres moins profondément creusés n’en ont pas conservé. L’hypothèse que la profondeur des creusements était liée à la facilité d’accéder à l’eau en fonction des saisons a été proposée. Ainsi, il a été envisagé que les creusements les plus profonds avaient été pratiqués en saison sèche, plutôt l’été, contrairement aux autres, probablement aménagé à l’automne. La découverte de lots céramiques a autorisé une approche chronologique assez précise qui a permis de rattacher chaque puits à une phase d’occupation. Il a pu être proposé que chaque puits pouvait avoir une durée de vie assez courte et qu’il était nécessaire d’en creuser un de nouveau régulièrement. Faute d’éléments précis permettant d’affiner la chronologie de chaque puits, nous avons simplifié le raisonnement en proposant un puits par quart de siècle d’occupation, soit 9 puits pour une durée d’occupation de 225 ans. Ces puits, qui constituent des pièges particuliers, peuvent enregistrer les activités menées au sein des enclos délimités par les fossés. Ainsi, les études anthracologiques et carpologiques (réalisées par Isabelle Figueiral) ont apporté de nombreuses informations essentielles à la connaissance de l’environnement de l’établissement : collecte des bois de chauffe, céréales cultivées et pratiques en matière de consommation.

L’autre élément fort du dossier a été la possibilité de décaper et de fouiller une voie sur 200 mètres de long. L’analyse stratigraphique et la collecte de mobilier dans les différentes phases d’aménagement ont montré que sa mise en place remontait à la fin du VIe s. av. n. è. et qu’elle avait perduré dans le paysage jusqu’au Moyen Âge, avec une reprise par un chemin vicinal moderne avec toutefois des rythmes de fréquentation variables. Des arguments indirectes d’analyse spatiale suggère qu’elle pourrait être plus ancienne encore car de nombreux vestiges de l’âge du Bronze longe son parcours sur plusieurs centaines de mètres, au-delà des limites mêmes de la fouille de Mas de Vignoles IX.

Dans ce secteur de la plaine du Vistre, force est de constater que les séquences sédimentaires n’enregistrent pas les occupations protohistoriques et antiques. Ces dernières ont été détruites par les travaux agricoles et seules les structures dite en creux conservent en quelque sorte la mémoire de leur nature. Ainsi, le chemin du Mas de Vignoles et son importante séquence conservée a d’emblée été considéré comme un piège à sédiments permettant un enregistrement des dépôts sur près d’un millénaire. Trois grandes coupes ont été réalisées et une a été sélectionnée pour servir de coupe de référence. Une fois la coupe dessinée et enregistrée par les archéologues, un enregistrement systématique de chaque couche a été réalisée par Pascale Chevillot (géomorphologue) et un prélèvement de 10 litres a été effectué pour récupérer les coquilles de mollusques pour être étudiées par Sophie Martin (malacologue). L’ensemble de ces études a permis de mieux connaître l’environnement immédiat de la voie, d’envisager des pratiques agricoles et un statut des terres en fonction des différentes périodes. Cela a aussi permis de mesurer les rythmes de sédimentation et les épisodes de colmatage important nécessitant pour les utilisateurs le curage des fossés mais aussi des réaménagements successifs des bandes de roulement. Plusieurs fenêtres de fouille ont livré des niveaux de circulation bien conservés où l’on a pu observer des réseaux d’ornières témoignant d’une fréquentation importante dès l’âge du Fer.

C’est donc grâce au dialogue et à la confiance réciproque entre le prescripteur des services de l’État, en l’occurrence Christophe Pellecuer, et les archéologues que cette fouille a permis pour la première fois dans le secteur nîmois d’étudier dans le détail un établissement agricole protohistorique. Les résultats ont fait l’objet de plusieurs publications de différentes natures en fonction des supports et des problématiques des colloques auxquels l’équipe a pu intervenir (voir ressources liées).

Sommaire

VOLUME 1 - Les synthèses

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. L’opération archéologique

1. Présentation générale de l’opération

1.1. Cadre administratif de l’opération
1.2. Moyens mis en œuvre et constitution de l’équipe
1.3. Déroulement de l’opération et stratégie d’intervention
1.4. Documentations et clefs d’accès

2. Contexte d’intervention

2.1. Le cadre géographique
2.2. L’environnement archéologique
2.3. Les données du diagnostic

3. Approches paléo-environnementales

4. Présentation générale des résultats archéologiques de la
fouille

4.1. Les vestiges du Néolithique
4.2. L’âge du Bronze
4.3. L’occupation protohistorique
4.4. Les vestiges antiques
4.5. Les vestiges médiévaux
4.6. Une inhumation d’époque moderne
4.7. Conclusion générale

5. Présentation des études thématiques

5.1. L’étude du mobilier métallique
5.2. L’apport des restes végétaux à l’étude de l’environnement passé et des rapports
homme/milieu
5.3. Étude archéozoologique : ostéologie, conchyliologie

Bibliographie générale

Liste des figures

III. Inventaires techniques


VOLUME 2 - Le chemin du Mas de Vignoles

1. Introduction

2. Historique de l’intervention

3. Protocoles d’enregistrement

4. Contexte stratigraphique et évolution géomorphologique
dans le secteur 1

4.1. Localisation du secteur 1
4.2. Synthèse des résultats de l’étude paléoenvironnementale
4.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 1

5. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 2

5.1. Localisation du secteur 2
5.2. Analyse synthétique du secteur 2
5.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 2

6. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 3

6.1. Localisation du secteur 3
6.2. Analyse synthétique du secteur 3
6.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 3

7. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 4

7.1. Localisation du secteur 4
7.2. Analyse synthétique du secteur 4
7.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 4

8. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 5

8.1. Localisation du secteur 5
8.2. Analyse synthétique du secteur 5
8.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 5

9. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 6

9.1. Localisation du secteur 6
9.2. Analyse synthétique du secteur 6
9.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 6

10. Analyse stratigraphique et évolution dans le secteur 7

10.1. Localisation du secteur 7
10.2. Analyse synthétique du secteur 7
10.3. Inventaire des US et Faits enregistrés dans le secteur 7

11. Évolution générale de la voie VOI2008

11.1. Conservation et chronologie
11.2. Évolution des tracés

12. En guise de conclusion

12.1. Le chemin du Mas de Vignoles dans la plaine du Vistre
12.2. Un chemin plus ancien...

Bibliographie générale

Liste des figures

Inventaire des données malacologiques


VOLUME 3 - Documentation zone 1


VOLUME 4 - Documentation zone 2 et 3

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

SEJALON, Pierre (dir.). (2012). Mas de Vignoles IX : Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes (Rapport de fouilles, 4 vol.). Nîmes : Inrap Méditerranée.  <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0125848>.

Rapport de diagnostic

SÉJALON, Pierre & NORET, Christelle. (2003). Mas de Vignoles VIII à Nîmes (Gard) (Rapport de diagnostic). Nîmes : Inrap Méditerranée.

Publications

SÉJALON, Pierre. (2019). Essai de hiérarchisation des axes de circulation durant la Protohistoire en Languedoc. Dans Cl. Raynaud (dir.), Voies, réseaux, paysages en Gaule :  Actes du colloque en hommage à Jean Luc Fiches, Pont-du-Gard, juin 2016 (Supplément à la Revue Archéologique de Narbonnaise, 49).

SÉJALON, Pierre & RATSIMBA, Antoine. (2018). Aménagements et entretiens des voies durant la Protohistoire en Languedoc. Dans : A. Villard-Le Tiec (dir.), Y. Menez et P. Maguer, Architectures de l’âge du Fer en Europe occidentale et centrale : Actes du 40e colloque international de l’AFEAF, Rennes, 4-7 mai 2016 (p.539-558). Rennes : Presses Universitaires de Rennes.

FIGUEIRAL, Isabel & SÉJALON, Pierre. (2014). Archeological wells in southern France :Late Neolithic to Roman plant remains from Mas de Vignoles IX (Gard) and their implications for the study of settlement, economy and environment. Environmental Archeology, 19 (1), 23-38.

SÉJALON, Pierre, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, FIGUEIRAL, Isabel & FOREST, Vianney. (2013). Aménagements et évolution de l’exploitation agricole du Mas de Vignoles IX entre la fin du VIe et le IVe s. av. n. è. à Nîmes (Gard). Document d’Archéologie Méridionale, 36, 235-270. <https://doi.org/10.4000/dam.2398>.

SÉJALON, Pierre, RATSIMB, Antoine & FOREST, Vianney. (2012). L’élevage du cheval en Languedoc. Le rôle des exploitations agricoles protohistoriques. Archéopages, 35, 18-25. <https://doi.org/10.4000/archeopages.285>.

SÉJALON, Pierre, BEL, Valérie, BREUIL, Jean-Yves & POMARÈDES, Hervé. (2009). Définition et organisation des terroirs protohistoriques de Nîmes, Gard (de la fin du VIe au Ier s. av. J.-C.). Dans : I. Bertrand, A. Duval, J. Gomez de Soto et P. Maguer (dir.), Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique : Actes du 31e colloque AFEAF, Chauvigny, 17-20 mai 2007 (tome II, p. 153-180).

Citations

L'ensemble

SÉJALON, Pierre (dir.), BEL, Valérie, CAMMAS, Cécilia, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, CHEVILLOT, Pascale, GEORJON, Cathy, ESCALLON, Gilles, FIGUEIRAL-ROWE, Isabel, FOREST, Vianney, GRECK, Sandra, MARTIN, Sophie, NORET, Christelle, PELLÉ, Richard, ROCHETTE, Marie et coll. (2022). Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes) : rapport de fouille archéologique 2012 (4 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 22). <https://doi.org/10.34692/W74Y-WF38>.

Le volume 1

SÉJALON, Pierre (dir.), BEL, Valérie, CAMMAS, Cécilia, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, CHEVILLOT, Pascale, GEORJON, Cathy, ESCALLON, Gilles, FIGUEIRAL-ROWE, Isabel, FOREST, Vianney, GRECK, Sandra, MARTIN, Sophie, NORET, Christelle, PELLÉ, Richard, ROCHETTE, Marie et coll. (2022). Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes) : rapport de fouille archéologique 2012. Vol. 1, Les synthèses. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 22). <https://doi.org/10.34692/W74Y-WF38>.

Le volume 2

SÉJALON, Pierre (dir.), BEL, Valérie, CAMMAS, Cécilia, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, CHEVILLOT, Pascale, GEORJON, Cathy, ESCALLON, Gilles, FIGUEIRAL-ROWE, Isabel, FOREST, Vianney, GRECK, Sandra, MARTIN, Sophie, NORET, Christelle, PELLÉ, Richard, ROCHETTE, Marie et coll. (2022). Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes) : rapport de fouille archéologique 2012. Vol. 2, Le chemin du Mas de Vignoles. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 22). <https://doi.org/10.34692/W74Y-WF38>.

Le volume 3

SÉJALON, Pierre (dir.), BEL, Valérie, CAMMAS, Cécilia, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, CHEVILLOT, Pascale, GEORJON, Cathy, ESCALLON, Gilles, FIGUEIRAL-ROWE, Isabel, FOREST, Vianney, GRECK, Sandra, MARTIN, Sophie, NORET, Christelle, PELLÉ, Richard, ROCHETTE, Marie et coll. (2022). Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes) : rapport de fouille archéologique 2012. Vol. 3, Documentation zone 1. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 22). <https://doi.org/10.34692/W74Y-WF38>.

Le volume 4

SÉJALON, Pierre (dir.), BEL, Valérie, CAMMAS, Cécilia, CAYN, Philippe, CHARDENON, Nathalie, CHEVILLOT, Pascale, GEORJON, Cathy, ESCALLON, Gilles, FIGUEIRAL-ROWE, Isabel, FOREST, Vianney, GRECK, Sandra, MARTIN, Sophie, NORET, Christelle, PELLÉ, Richard, ROCHETTE, Marie et coll. (2022). Mas de Vignoles IX (Languedoc-Roussillon, Gard, Nîmes) : rapport de fouille archéologique 2012. Vol. 4, Documentation zone 2 et 3. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 22). <https://doi.org/10.34692/W74Y-WF38>.

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Nouvelles observations sur l'occupation laténienne (IIe s. av. J-C.) et gallo-romaine (Ier-IIe s. ap. J-C.) de Bas-en-Basset (Auvergne, Haute-Loire, Le Maray II)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2015

Numéro DAP
20
Image d'entête
DAP 20 | Bas-en-Basset « Le Maray 2 » (Haute-Loire)
Média
DAP 20 | Bas-en-Basset « Le Maray 2 » (Haute-Loire)
date expertise
janvier 2016
date achevement
mars 2015
Paragraphes

L’identification des « agglomérations ouvertes » de la fin de l’âge du Fer (IIIe-Ier s. av. J.-C.) au sein de l’actuelle Auvergne, dont les limites recouvrent celles des territoires gaulois des Arvernes (Puy-de-Dôme, Cantal, Allier), des Vellaves (Haute-Loire) et des Ambluarètes (Allier), est relativement récente. Les premières hypothèses formulées en ce sens ont d’abord concerné le bassin de Clermont-Ferrand avec la mise en évidence, vers 1980, d’une première grande agglomération, connue dans la littérature archéologique sous le nom de site « d’Aulnat », quelques kilomètres à l’est de la métropole clermontoise. Dans le courant de la décennie suivante, un second site est localisé à une trentaine de kilomètres plus au nord, à l’emplacement de l’actuelle localité d’Aigueperse. Depuis, le dossier s’est considérablement enrichi et une dizaine d’agglomérations gauloises non fortifiées sont aujourd’hui identifiées de façon plus ou moins assurée en Auvergne : Les Martres-de-Veyre, Saint-Flour, Saint-Paulien, Brioude, Bas-en-Basset ; auxquelles peuvent s’ajouter, bien que moins certaines, La Roche Blanche, Lezoux et Ambert (Deberge, Kurzaj & Lauranson, 2019). Bien que la connaissance de ces sites soit encore souvent très largement lacunaire, les fouilles réalisées sur certains d’entre eux permettent d’en préciser les caractéristiques (chronologie, taille, la structuration interne...).

Localisée dans le nord du territoire des Vellaves, la commune de Bas-en-Basset a pour particularité d’accueillir un « pôle » proto-urbain constitué de trois sites implantés à peu de distance les uns des autres : l’agglomération ouverte de « Basset », située en rive droite de la Loire et occupée principalement au cours du IIe s. av. J.-C. ; le site fortifié du « Mont Malorum » perché sur une éminence surplombant la plaine ; l’agglomération ouverte de Bas localisée en rive gauche de la Loire à mi-distance des deux sites précédents.
Si l’agglomération de Basset et l’oppidum du Mont Malorum ne sont connus que par des observations très ponctuelles, le site de Bas est un peu mieux documenté. Plusieurs diagnostics ainsi que de deux fouilles y ont été conduits depuis 2005 ce qui permet de proposer certaines hypothèses concernant son extension, sa datation et son mode d’occupation. L’intervention la plus étendue, qui reste toutefois d’emprise très limitée (2800 m² au total), a permis la mise en évidence d’une occupation stratifiée. Bien que les vestiges aient été assez largement dégradés par des terrassements pratiqués sans surveillance archéologique, cette occupation se développe de façon continue de la fin du IIe s. av. J.-C. au début du IIIe s. ap. J.-C.

Pour la période laténienne (de La Tène D1b à La Tène D2b) les aménagements mis en évidence dans les secteurs les moins impactés par les destructions récentes sont exclusivement de nature domestique. Des trous de poteau (181 ex.) et des sablières (18 ex.) déterminent des constructions qui s’installent le long d’un axe de circulation empierré. Des fosses dépotoir (36 ex.), un puits et de nombreuses soles de foyer (13 ex.) sont situées à proximité ou à l’intérieur de ces bâtiments aux sols de terre battue. Les données stratigraphiques témoignent de reconstructions réalisées à intervalles rapprochés. La densité et la superficie des aménagements construits, avec six constructions accolées qui occupent environ 270 m² d’emprise au sol, indiquent qu’il s’agit d’un site densément occupé.
Les traces d’artisanat sont absentes mais à l’inverse les amphores italiques (265 individus) et les monnaies (53 exemplaires) sont nombreuses étant donnée l’exiguïté de la surface fouillée. Il semble que ce site soit plus spécifiquement impliqué dans les activités commerciales ce dont témoigne également son implantation sur le cours de la Loire, navigable à cet emplacement, et la proximité de la frontière avec le territoire ségusiave.
Cette occupation s’apparente nettement, d’un point de vue typologique et organisationnel, à celles dégagées sur les sites de Feurs ou de Roanne, localisés en aval sur le cours du fleuve. Ces habitats groupés de la fin de l’âge du Fer, également étudiés sur des superficies restreintes, ont livré des vestiges comparables avec une chronologie toutefois étendue au plein IIe s. av. J.-C.

Pour la période gallo-romaine (Ier-IIIe s. ap. J.-C.), les résultats sont également significatifs même si, comme pour la fin de l’âge du Fer, la modestie des dégagements réalisés et la faiblesse du corpus mobilier collecté constituent des freins à l’analyse. Ces vestiges recouvrent directement les aménagements gaulois. Il s’agit principalement de constructions installées sur des fondations en tranchées, dotées de murs ou de solins maçonnés et de sols de terre battue ou en béton de tuileau. Leurs plans sont différents : sur cours à galerie de façade, à plan centré, à abside… Leur architecture semble toutefois relativement modeste avec des élévations n’utilisant que très peu les liants à la chaux.
L’organisation mise en place à la période laténienne n’est pas remise en cause et certaines constructions sont édifiées à l’emplacement même des bâtiments plus anciens dont elles reprennent les limites. Cette occupation structurée s’appuie sur deux axes viaires disposés perpendiculairement. Des structures de délimitation (fossés, palissades et murs de clôtures) contribuent à séparer ces zones de circulation des espaces privés. Ce secteur est assez densément occupé avec, sur les 2 800 m² fouillés, trois bâtiments d’une surface comprise entre 60 et 200 m² à vocation probablement résidentielle. Un petit bâtiment de stockage, des constructions annexes ainsi qu’un hypothétique balnéaire (privé ?) sont également présents. Deux puits et quelques fosses ont aussi été dégagés à leur périphérie.
Le mobilier, globalement peu abondant, permet d’envisager que cette occupation fait suite, sans solution de continuité, à l’habitat laténien et se poursuit au moins jusqu’au début du IIIe s. ap. J.-C. Comme à l’âge du Fer, les activités documentées sur le site semblent essentiellement d’ordre domestique et aucun indice probant ne signale l’exercice d’un artisanat développé ou une quelconque fonction agricole.

Enfin, il est à noter que malgré des conditions d’intervention assez peu satisfaisantes, des vestiges relativement ténus (traces de sablières basses, effondrements de parois en terre, sols de terre battue…) sont conservés, ce qui montre le potentiel du site pour documenter la diversité des solutions architecturales employées dans les constructions domestiques vellaves au cours de l’Antiquité.

Cette intervention confirme finalement la présence d’une occupation continue de la fin de la période laténienne à la fin du Haut-Empire dans ce secteur de la commune de Bas-en-Basset. Les caractéristiques des vestiges gaulois orientent vers l’hypothèse d’un habitat de type agglomération ouverte. En ne prenant en compte que les secteurs étudiés dans le cadre de l’archéologie préventive, la superficie de ce site proto-urbain avoisinerait environ 6 ha. La nature de l’occupation gallo-romaine est plus difficile à définir même si l’éventualité qu’il puisse s’agir d’une agglomération secondaire est envisageable. Une telle identification apparaîtrait en tout cas logique si l’on prend comme exemples les sites de Feurs et de Roanne où l’agglomération antique fait suite à l’habitat groupé laténien. Les aménagements dégagés à Bas trouvent néanmoins des parallèles aussi bien dans le domaine rural que sur les ensembles périurbains. Reste que d’autres vestiges antiques sont localisés à peu de distance dans ce secteur de la commune. Dans leur extension maximale, il couvre une superficie d’environ 14 ha.

Sommaire

VOLUME 1

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Contexte de l’intervention

1.1. Origine du projet
1.2. Les étapes de l’intervention : calendrier, méthode et contraintes
1.3. Contexte géographique et archéologique

2. Résultats de l’opération de 2014 : présentation des
vestiges immobiliers et mobiliers

2.1. Position, état de conservation et densité des vestiges
2.2. Organisation générale et dynamique de l’occupation
2.3. Vestiges de la Protohistoire ancienne
2.4. L’occupation du second âge du Fer
2.5. L’occupation gallo-romaine (Haut-Empire)
2.6. Vestiges modernes et/ou contemporains

3. Synthèse

Bibliographie
Table des illustrations

Annexe : planches de mobiliers

VOLUME 2

III. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

DEBERGE, Yann. (2015). Bas-en-Basset (Haute-Loire) : Nouvelles observations sur l'occupation laténienne (II e s. av. J-C.) et gallo-romaine (Ier-IIe s. ap. J-C.) de Bas-en-Basset : Le Maray II : rapport de fouilles (Rapport de fouilles, 2 vol.). Bron : Inrap Auvergne-Rhône-Alpes. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0137104>.

Rapports de diagnostic

ALFONSO, Guy. (2008). Bas-en-Basset (Haute-Loire), Le Maray (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Bron : Inrap Auvergne-Rhône-Alpes. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/018016>.

Publication citée dans l'introduction

DEBERGE, Yann, KURZAJ, Marie-Caroline & LAURANSON, Romain. (2019). Les agglomérations ouvertes de la fin de l’âge du Fer en territoires arvene et vellave (nord-est du Massif central, France). Dans S. Fichtl, G. Pierrevelcin, M. Schönfelder, Les agglomérations ouvertes de l’Europe celtique (IIIe-Ier s. av. J.-C.) : actes de la table ronde internationale de Glux-en-Glenne, oct. 2015 (p. 171-209). Strasbourg : MAGE. (Mémoires d’Archéologie du Grand-Est ; 4).

Citations

L'ensemble

DEBERGE, Yann (dir.), CABANIS, Manon, CAILLAT, Pierre, GARCIA, Magali, LOUGHTON, Matthew, PASTY, Jean-François, SIMON, Laure, WITTMANN, Alain. (2021). Nouvelles observations sur l'occupation laténienne (IIe s. av. J-C.) et gallo-romaine (Ier-IIe s. ap. J-C.) de Bas-en-Basset  (Auvergne, Haute-Loire, Le Maray II) : rapport de fouille archéologique 2015 (2 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 20). <https://doi.org/10.34692/ayws-b292>.

Le volume 1

DEBERGE, Yann (dir.), CABANIS, Manon, CAILLAT, Pierre, GARCIA, Magali, LOUGHTON, Matthew, PASTY, Jean-François, SIMON, Laure, WITTMANN, Alain. (2021). Nouvelles observations sur l'occupation laténienne (IIe s. av. J-C.) et gallo-romaine (Ier-IIe s. ap. J-C.) de Bas-en-Basset  (Auvergne, Haute-Loire, Le Maray II) : rapport de fouille archéologique 2015. Vol. 1, Texte et illustrations. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 20). <https://doi.org/10.34692/ayws-b292>.

Le volume 2

DEBERGE, Yann (dir.), CABANIS, Manon, CAILLAT, Pierre, GARCIA, Magali, LOUGHTON, Matthew, PASTY, Jean-François, SIMON, Laure, WITTMANN, Alain. (2021). Nouvelles observations sur l'occupation laténienne (IIe s. av. J-C.) et gallo-romaine (Ier-IIe s. ap. J-C.) de Bas-en-Basset  (Auvergne, Haute-Loire, Le Maray II) : rapport de fouille archéologique 2015. Vol. 2, Inventaires techniques. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 20). <https://doi.org/10.34692/ayws-b292>.

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Bobigny - Hôpital Avicenne

L'objectif du projet est de parvenir à l'horizon 2019 à la publication de la nécropole de Bobigny fouillée en 2002 et 2003 par l'Inrap.