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L’Homme moderne est-il un néandertalien qui s’ignore ?
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue, professeur au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig, titulaire de la chaire Paléoanthropologie au Collège de France.
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le samedi à 19h30
Par Vincent Charpentier
Émission du 1er mai 2021
Deux publications dans la revue Nature, parues tout récemment bouleversent nos connaissances sur les premiers Hommes modernes en Europe et en Eurasie.
Le crâne fossile de Zlatý kůň (Tchéquie)
© Martin Frouz
Le sujet est capital, un de ceux qui nous concerne tous, et cela même, s’il plonge au plus profond de notre histoire. L’histoire et la Préhistoire, mais aussi l’archéologie, l’anthropologie biologique, la paléo-génétique s’avèrent indispensables pour aborder celui-ci.
On évoque régulièrement l’art de la grotte Chauvet, celui de la grotte Hohle Fels (Allemagne) et une culture préhistorique l’« Aurignacien ». Il n’en est rien ! Ce que l’on découvre aujourd’hui c’est une nouvelle migration d’Hommes modernes, bien plus ancienne et qui n’avait pas jusqu’à présent, été reconnue par la génétique. Entre 47 000 et 40 000 mille ans, un vrai tournant dans l’histoire de l’humanité s’opère en Europe, qui voit l’arrivée d’un Homme et la disparition d’un autre.
Le site-clef pour l’arrivée de l’Homme moderne ne se trouve pas en France, mais plus à l’est, en Tchéquie et aussi en Bulgarie. Actuellement, le crâne fossile d'une femme, en Tchéquie, a fourni le plus ancien génome humain moderne. Mieux, elle représente une population qui s'est formée avant que les ancêtres des Européens et des Asiatiques actuels ne se séparent. Dans la grotte de Bacho Kiro (45 930 à 42 580), des individus modernes ont été l’objets d’analyses génétiques, les résultats sont incroyables.
La niche 1 (à gauche) et le secteur principal (à droite) de la grotte de Bacho Kiro en Bulgarie.
© Tsenka Tsanova, MPI-EVA Leipzig, License: CC-BY-SA 2.0
Les génomes de la grotte Bacho Kiro montrent que plusieurs populations humaines modernes distinctes existaient au début du Paléolithique supérieur en Europe et en Eurasie. Certaines de ces populations n’ont aucune affinité détectable avec des populations ultérieures, tandis que ceux de la grotte de Bacho Kiro ont des descendants, notamment en Asie. Plus étonnant, tous les individus anciens ont des ancêtres néandertaliens récents dans leur histoire familiale immédiate. L’histoire de l’Homme moderne en Europe est à réécrire !
Nous en parlons avec Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue, professeur au Collège de France (Chaire internationale de paléoanthropologie) et directeur du département Évolution de l'homme de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig.
Pour aller plus loin
- A consulter, les pages biographiques du Collège de France, wikipédia et twitter de Jean-Jacques Hublin.
- A parcourir, l'article "Le plus vieil Homo Sapiens du paléolithique supérieur en Europe" - en anglais (site de l'Institut Max Planck de Leipzig).
- Ainsi que l'article sur le plus ancien génome humain retrouvé sur le crâne d'une femme - en anglais (site de l'Institut Max Planck de Leipzig).
- A regarder une vidéo de Jean-Jacques Hublin parlant de l'Homo Sapiens (Académie de Médecine).
- A lire, l'article "Evelyne Heyer et Jean-Jacques Hublin : "une histoire de migrations et de métissages..." sur le site de Sciences et Avenir.
- A écouter ou ré-écouter, l'intervention de Jean-Jacques Hublin lors du colloque "Être humain ? Archéologie des origines" organisé par le muséum de Toulouse en novembre 2018 (site de l'Inrap).