L'Homme du fer

Sous la rouille du temps... Voici près de trois millénaires, émergea un étonnant métal, entraînant de très profonds changements économiques et sociaux, au point qu’on lui attribua une période : l’Âge du Fer….

Expérimentation d’épuration de masse brute issue d’un bas-fourneau (plateforme expérimentale de Melle / musée des mines d’argent des rois francs.

© S. Bauvais

Curieusement, ce fer est absent sur terre, du moins à l’état naturel et les tous premiers objets produits dans celui-ci le furent à partir de minerais venus du ciel : du fer météoritique. C’est notamment le cas de perles en fer égyptiennes datées de 3200 avant notre ère, d’un poignard exhumé en Turquie (2500 av. notre ère), de plusieurs haches de la dynastie Shang en Chine, (vers 1400 av. notre ère) ou de la fameuse dague, d’un bracelet et l'appuie-tête de Toutankhamon (vers 1350 av. notre ère).

Comme toute grande innovation, cette métallurgie émerge en différents lieux, au Proche Orient, notamment en Jordanie, mais aussi en Afrique subsaharienne, tandis qu’en France, il pourrait bien s’agir d’un emprunt.

En Europe, ce métal apparaît vers 800 av. notre ère ; En France, s’agit-il d’un emprunt ou d’une innovation ? Les premiers temps du 1^er Âge du Fer n’entraînent aucune « révolution », les objets produits à partir de ce métal se limitant à des objets de prestige, accaparés par les élites. Sa généralisation entraîna toutefois, quelques siècles plus tard, une profonde mutation dans de nombreux domaines, notamment dans les pratiques agraires.

Épée souple, côte de maille, bandage de char, les gaulois ont été maîtres dans l’art du fer. Les archéologues en retrouvent souvent les forges, munies de foyers, d’enclume et de souffleries…

Désormais le fer est partout, on le retrouve notamment dans nos cathédrales, Paris ou Beauvais, et jusque dans les grands temples cambodgiens d’Angkor Vat.

Une nouvelle méthode de datation de ce fer ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives pour justement dater précisément tous ces monuments.

Supplément à la revue archéologique d'Île de France (2018) (avec la collaboration de Sylvain Bauvais)