Au nom de l’institut, Dominique Garcia, président de l’Inrap, salue la mémoire de Jacques Lasfargues, acteur essentiel du développement de l’archéologie nationale et inventeur de l’expression « archéologie préventive », disparu le 25 décembre 2022.

Dernière modification
02 janvier 2023

Né le 26 décembre 1944 à Creysse dans le Lot, région dont il aimait rappeler son attachement, Jacques Lasfargues fut un acteur majeur du développement de l’archéologie nationale au XXe s. et, particulièrement, de l’archéologie de sauvetage puis de « l’archéologie préventive » dont il fut à l’origine de l’expression (1979).

Historien de formation et céramologue de qualité, il participa à plusieurs fouilles de la région lyonnaise dans les années 1960 avant d’être recruté au Musée de Lyon en 1969.

Directeur des Antiquités historiques de la circonscription Rhône-Alpes (équivalent d’un SRA actuel) de 1979 à 1989, il milite alors de façon convaincante pour que les grands projets d’aménagement du territoire soient précédés de fouilles archéologiques planifiées. Utilisant les moyens législatifs en vigueur (notamment en classant d’office les sites archéologiques mis en péril lors des travaux), il incite les aménageurs à financer des fouilles de « sauvetage » et promeut une démarche « préventive » en programmant ces interventions de terrain. En confiant des chantiers à de jeunes chercheurs ou des étudiants, il leur garantit une activité salariée au sein d’associations régionales ou de l’Afan, mais leur ouvre également des dossiers scientifiques d’ampleur à l’échelle de la « Capitale des Gaules » et de son territoire. En adaptant en conséquence son service des Antiquités historiques, il préfigure ce que seront aujourd’hui les Services régionaux de l’archéologie dans leurs missions et leurs métiers.

Inspecteur de l’archéologie de 1988 à 1995, il joua un rôle essentiel dans le développement national des pratiques de l’archéologie de sauvetage. Directeur du Musée de la Civilisation gallo-romaine à partir de 1989, il mit en lumière et partagea avec le public les premiers grands acquis des fouilles préventives et programmées, tant au plan régional que national. On lui doit l’organisation de plusieurs expositions importantes dont certaines conçues avec la complicité de Christian Goudineau, professeur au Collège de France, avec qui il était amicalement et intellectuellement lié, et en 2006, notamment celle consacrée à la religion et la société en Gaule (« Par Toutatis ! La religion des Gaulois ») et à laquelle Dominique Garcia, président de l’institut, avait contribué à leurs côtés.

Jacques Lasfargues fut également l’auteur de nombreuses contributions scientifiques dont plusieurs sur les origines de Lyon. Personnage « entier » et provocateur, voire « rugueux », son engagement, son expérience et sa vivacité d’esprit ont fait de lui un homme auquel notre discipline et grand nombre de ses acteurs doivent infiniment.

Lors du colloque de l’Inrap « La fabrique de l’archéologie en France » en 2008 à l’Inha, il avait lui-même dressé un tableau de son engagement et de l’évolution de nos pratiques.

Au nom de l’Institut, le président Dominique Garcia, adresse à sa famille –et particulièrement à sa fille–, ses amis et ses élèves, ses condoléances et sa plus sincère sympathie.

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