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Gyptis et Protis, la fin d'un mythe fondateur de Marseille ?
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Jean Chausserie-Laprée, archéologue, conservateur en chef du patrimoine.
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le dimanche de 20 h 30 à 21 h
Par Vincent Charpentier
Émission du 5 janvier 2020
L’archéologie peut-elle s’attaquer à des mythes, des mythes par essence fondateurs ? L’entreprise paraît périlleuse tant la discipline, habituée à des faits concrets, a peu d’emprise sur cette construction imaginaire, « le merveilleux »…
Les fortifications archaïque, hellénistique et tardo-antique de l'oppidum de Saint-Blaise. Tour de l'éperon sud
© Jean Chausserie-Laprée / ville de Martigues
À la croisée de l’Histoire, de l’archéologie et de la mythologie, le magazine d’archéologie de France Culture s’y risque, à propos d’un site d'exception au cœur de la Provence, l’oppidum de Saint-Blaise et d’une nation gauloise oubliée de tous : les Ségobriges.
Un demi-siècle avant la création de Marseille des navires grecs sillonnaient déjà les côtes du Languedoc et de la Provence.
Site fortifié et vaste d’environ cinq hectares, Saint-Blaise serait une véritable cité, la capitale d’un peuple celtique, les Ségobriges.
L’élément fondateur de l’implantation ionienne et de la création de Marseille en 600 avant notre ère repose sur un mythe : le mariage merveilleux d'un jeune grec aventurier avec une belle celte, Gyptis. Mariage forcé à l’image de la Belle Hélène, c'est la princesse qui choisit son futur époux. Les récits d'Aristote et de Justin (Trogue-Pompée) relatent cette scène qui unie, dans un jeu d’alliance, les Grecs et les Celtes. Certains chercheurs comme Didier Pralon voient dans ce mariage une tradition s’inscrivant dans la tradition du Svayamvara indo-européen…
Pour autant, cette fameuse noce, et son banquet, en 600 avant notre ère, auraient-ils pu se dérouler à Saint-Blaise, donc à 40 km de la future cité grecque, et non pas sur les rives de Marseille, le Lacydon ? À l’encontre de Camille Jullian et de nombreux historiens, l’archéologue et conservateur en chef du patrimoine, Jean Chausserie-Laprée, dans un esprit gaulois, le pense fermement…