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Graffiti arabes à Toulon à la fin du XVIe siècle
Colloque
Héritages arabo-islamiques dans l'Europe méditerranéenne
Colloque international organisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives,
En partenariat avec Marseille-Provence 2013-Capitale européenne de la culture, le MuCEM et la Villa Méditerranée.
Du 11 au 14 septembre 2013, à Marseille, Villa Méditerranée et MuCEM.
Héritages arabo-islamiques dans l'Europe méditerranéenne - Archéologie, histoire, anthropologie
par Nathalie Molina et Thomas Navarro, Inrap
Dans le cadre de la requalification de l'îlot Baudin, en centre-ville de Toulon, l'INRAP, sous la responsabilité de Nathalie Molina et de Thomas Navarro, a mis au jour en juin et juillet 2012, lors d'une étude du bâti d'une maison d'origine médiévale située au 23 de la Rue Baudin, un ensemble remarquable de graffiti muraux, datable de la seconde moitié du XVIe siècle au premier quart du XVIIe siècle. L'analyse en cours de ces graffiti sur enduits de plâtre par l'association GraF&MERS (Cécile Salaün et Philippe Rigaud), dont certains panneaux ont été déposés, révèle une influence arabo-islamique à travers leurs deux principaux marqueurs sémiologiques : une inscription en caractères arabes et un décor végétal, dont la structure et la stylistique évoquent les compositions des pairi-daiza développés dans la production artistique des miniatures et tapis persans. Les nombreuses représentations navales, quant à elles, offrent une mise en perspective des marines de Méditerranée orientale et occidentale à une époque où l'insécurité maritime généralisée nécessite un armement spécifique des navires, spécialement pour le transport express de cargaisons de valeur. Quelques motifs animaliers émaillent l'ensemble iconographique tandis qu'un personnage aux allures hiératiques de Pupi siciliens se détache du lot des anthropomorphes par son caractère haut-en-couleur et la pose qu'il affecte. L'étude de cet ensemble glyptographique atypique, contribue en outre à renouveler l'approche contextuelle de ce type de production graphique spontanée, réputé subreptice. Illustrations présumées de l'hospitalité toulonnaise rendue à un ou deux étrangers, ces graffiti apportent un éclairage inédit sur un vécu cosmopolite. Cette production raffinée, en marge des représentations officielles véhiculant les topoï attachés aux « Barbaresques », pourrait témoigner d'un évènement historique précis comme l'accueil à Toulon de la flotte ottomane durant l'hiver 1543 mais sans doute plus simplement d'échanges commerciaux ordinaires.
Nathalie Molina est chargée d'opération et de recherches à l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap), depuis 1991. Elle est également chercheure associée au Laboratoire d'Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranéenne (LA3M) UMR 7298 depuis 1993 et rattachée à l'UMR depuis décembre 2010.
Bibliographie :
- Molina (à paraitre) : MOLINA (N.), « L'abbaye chalaisienne de Valbonne », in : Congrès archéologique de France, 168e cession, 2010, Alpes-Maritimes (à paraitre).
- Molina 2013 (à paraitre) : MOLINA (N.), L'abbaye du Thoronet, Éditions du patrimoine, collection regards.
- Molina et alii 2013 (à paraitre) : BINDER (C ;) JONCHERAY (A.) MOLINA N. - Catalogue du Musée de Saint-Raphaël (Var), Ville de Saint-Raphaël.
- Molina Navarro 2013 (à paraitre) : MOLINA (N.), NAVARRO( T.), La ville de Toulon au début du XIVe siècle », in L'enquête de Leopardo da Foligno en basse Provence, édition critique, PECOUT (T.) dir., Paris, 2013.