Enfants de la Renaissance au château royal de Blois

Demeure des comtes de Blois, des ducs d’Orléans, résidence favorite de sept rois et dix reines de France, le château royal de Blois a été le berceau de nombreuses têtes couronnées et il est tout particulièrement empreint du souvenir de Catherine de Médicis (née le 19 avril 1519) qui y a vu grandir ses dix enfants.
Mêlant intimement l’histoire du château et l’évolution de l’éducation depuis le Moyen Âge, l’exposition « Enfants de la Renaissance » est scindée en trois temps forts : naissance et petite enfance, l’univers enfantin, l'éducation et les enfants à la Cour de France. Aux nombreux objets royaux ou de prestige, viennent répondre des objets issus des fouilles archéologiques de l'Inrap qui apportent un autre éclairage, plus quotidien, sur l’enfant à la Renaissance.

Naissance sous la renaissance

La première partie de l’exposition décrit les épreuves dangereuses de la grossesse et de l’accouchement et le rôle essentiel de la nourrice à une époque marquée par une très forte mortalité infantile (200 à 400 décès pour 1000 naissances) et maternelle. Comment accouchait la reine ? Pourquoi les enfants étaient-ils emmaillotés ? Que mangeait un nourrisson il y a 500 ans ? Un foisonnement d’objets insolites, certains rarissimes, témoignent de la prégnance de ces questions à la Renaissance : portraits, dalles funéraires, représentations, horoscopes, objets rituels et prophylactiques, gravures d’ouvrages de médecine, « sachet d’accouchée » maillots, biberons et tétines (en grès)…

L’univers enfantin

La seconde partie de l’exposition donne à voir l’univers enfantin de la Renaissance, marqué par une forte individuation de l’enfant dans la société (portrait, album de famille) et par une assimilation progressive au monde des adultes. Pour se distraire, les bébés peuvent compter sur l’un des plus anciens jouets au monde, le hochet (d'orfèvrerie ou d'ivoire pour certains), avant de passer à des jeux traditionnels comme le tambour, la poupée, les billes, le cheval-bâton, le moulinet, la toupie, le sifflet, la dinette, les figurines miniatures, dont plusieurs sont issus des fouilles archéologiques de l’Inrap (Louvre, Roissy…). Dans le domaine du vêtement, les enfants (royaux) portent un « devantier » (tablier) jusqu'à l'âge de sept ans, avant de passer à des habits d'apparat : culottes, chausses, pourpoints, chamarres sans col, toques et petites armures pour les garçons, costumes et bijoux somptueux pour les filles.

La Maison des enfants

La troisième partie de l’exposition immerge le visiteur dans l’enfance et le quotidien très particuliers des dauphins ou futurs princes. Tenus à l’écart des complots et des épidémies, les enfants de la cour des Valois vivent séparés de leurs parents dans une « maison des enfants » où ils disposent de plus de 300 personnes à leur service et se préparent à leurs responsabilités futures. La période voit aussi apparaître les premières méthodes d’apprentissage et l’enseignement organisé : bonnes manières, règles de propreté et de l’art de vivre en société, mais aussi alphabétisation et humanités. Ayant pleinement sa part dans l'invention de ce modèle d’éducation, Catherine de Médicis s'enquiert régulièrement de la santé de ses enfants et de leurs progrès, contre la « légende noire » qui domine (à tort) l’imaginaire du personnage.