A Vivonne, Vienne, diagnostic sur une surface totale de 1 658 m2. Le rapport a été soumis à la Cira Grand-Ouest.

Dernière modification
10 mai 2016

Les niveaux archéologiques apparaissent sous 25 cm de terre végétale sur un substrat argileux. Le site se présente comme un groupement d'une quinzaine de structures fossoyées dont 6 enclos circulaires de 7 à 11 m de diamètre et 2 enclos carrés de 10 et 5 m de côté.

Les autres vestiges consistent en fossés en arc de cercle, isolés ou adjacents, s'insérant parmi les enclos circulaires. En outre, un réseau dense de structures agraires linéaires, composé de petites tranchées ou de petites fosses circulaires ou carrées, vient recouper les vestiges protohistoriques dans la partie centrale du décapage. Ce réseau, pouvant correspondre à un verger ou à une vigne, semble attribuable à une période récente (moderne ou contemporaine).
L'espace interne des enclos et les abords extérieurs immédiats ont fait l'objet d'un nettoyage manuel minutieux dans le but d'observer la présence, parfois ténue, d'aménagements en creux associés aux structures fossoyées. C'est ainsi que les restes d'une sépulture à incinération ont pu être mis au jour au centre du grand enclos carré. Bien qu'endommagé par les engins agricoles, le dépôt, constitué de 3 vases en céramique dont deux contenant les cendres du défunt, a pu être fouillé finement. Les premiers indices observés sur le terrain, et qui seront affinés lors de la phase d'étude, permettent d'attribuer cette sépulture à la phase ancienne du second âge du Fer, soit une période comprise entre le milieu du Ve et le début du IIIe siècle avant notre ère.

Les fossés de chaque structure ont été fouillés manuellement par sondages afin de déceler d'éventuels dépôts organisés mais aussi pour observer leur dynamique de sédimentation. En effet, l'architecture comme la fonction de ces constructions pouvaient être assez complexes. L'érosion plurimillénaire combinée aux pratiques agricoles mécanisées de ces dernières décennies ont effacé une grande partie des aménagements et bien souvent seul le fossé d'enclos subsiste. Cependant, l'étude de son comblement permet généralement de restituer une partie des aménagements aujourd'hui disparus (tels qu'un talus, un tertre, une palissade de bois...). Après le relevé des coupes, les banquettes ont été vidées mécaniquement pour récolter le mobilier. Enfin, des prélèvements de sédiments ont été effectués ponctuellement pour répondre à des problématiques précises, documenter l'environnement par l'étude de micro et macro restes (graines, charbons de bois, ...) ou permettre de recouper la chronologie fournie par le mobilier céramique par des datations 14 C (charbons de bois, ossements).

Même si les preuves tangibles sont pour l'heure peu nombreuses (une seule sépulture avérée dans un seul enclos) la vocation funéraire de ce groupement paraît recevable au regard de la documentation régionale. Cette quasi absence de restes funéraires (inhumation on incinération, dépôts d'accompagnements) demeure actuellement la grande question soulevée par la fouille de ce type de site. Si des éléments de réponses résident, sans doute, dans l'analyse des phénomènes taphonomiques et géomorphologiques propres à chaque gisements, la fonction de certains enclos, pouvant accueillir une activité rituelle en relation avec la mort sans nécessairement contenir de sépultures, reste également une piste d'interprétation. La recherche et la restitution de l'éventuelle architecture arasée des monuments, par l'analyse des modalités de comblement des fossés et la distribution spatiale du mobilier constitue, enfin, un axe de recherche d'ores et déjà prometteur.
L'étude du site de Vivonne est actuellement en cours. Conduite part une équipe pluridisciplinaire intégrant archéologues, géomorphologue, anthropologue, céramologue et divers spécialistes, elle fournira des résultats qui viendront enrichir de façon substantielle la connaissance des rites funéraires et des pratiques associées pour la Protohistoire du Centre-Ouest de la France.